Le trash, vu de l'autre coté de la barrière, ressemble toujours à des patures en vitrine. Pourquoi n'aurait-on pas nous aussi, pauvres français OUIN-OUIN, notre violence rouge-bitume, des éclats de sang pour immaculer les f(r)actures du quotidien et un peu de cuir pour égayer la médiocrité d'une France qui refuse tout larsen ? Avouons-le ici, une bonne fois pour toute, toute tentative de trash à l'intérieur de nos frontières est un échec. BOUH-BOUH. On pleure.
On s'étend tellement sur le « lacrymal on est mal » qu'on en oublie, comme l'imbécile qui pointe le doigts vers la lune, que certaines parures sont pourtant à portée de main. On peut bien rêver bottines et foulards, MST et pilou-pilou des Cramps, toujours est-il que le premier album de This is Pop (ils sont français et parlent la même langue que vous, mais avec d'autres mots) tranchent avec l'essai du gai-poli qui caractérise la concurrence. Enfin, la concurrence... Combien sont-ils encore à pouvoir se reconnaître de Robert Malaval, des jeunes gens modernes et de l'esthétique ou de Sacher Masoch ? Spank me baby, et plutôt en guitare. Fais moi mal poupée, à travers les enceintes, oh oui, je sens que ça vient.
Sur White monkeys, le premier album soigné au Mercurochrome, il y a des guitares tendues comme un arc, des références implicites à la décadence James Chance (le Sax y a été remplacé par le Sex), de la ballade romantique pour annoncer à vos parents que vous êtes séropo' mais que "ca ira mieux demain", toute une rage désincarnée qui fera dire au chroniqueur qu'il est encore possible de décrire une musique autrement qu'avec des gants de soie et une plume dans le cul. White monkeys, le son y est volontairement cra-cra, pour le respect des origines (Suicide, Cabaret Voltaire), penché vers l'avant-garde (parce qu'il n'y a plus que ce qualificatif pour redresser la Gaulle) et de gentils pastiches SM pour s'électrocuter les doigts dans la prise USB. Doux son de l'idéal pour se pendre les soirs de ral-le-bol, entre Poni Hoax et Cristal Palace. D'autres poètes électrocutés sur une chaise trop petite pour leurs histoires, avec le brin d'intelligence stupide qui leur va si bien au teint, morts pour la France parce qu'on y mourra en soldat inconnu.
Trois cent personnes à Paris à ma droite, une poignée de nerds provinciaux sur ma gauche (punks à chiens, homos refoulés, ados batcave, ton cousin qui a dit « merde au capitalisme »), This is pop séduit le monde entier. Du moins celui qui nous reste, avec des synthés gros comme des Titanic et la froideur mécanique des moteurs qui vrombissent à l'essence. Bien évidemment, ces garçons n'ont pas d'avenir. No Futur, comme ne le dit pas la chanson.
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