We Want Miles : Exposition sur la grande figure du jazz.

Publié le 17 janvier 2010 par Akram02
"Ce que je sais, c’est que l’année après ma naissance, une violente tornade ravagea St. Louis. […] Peut être suis-je encore animé par son souffle puissant. Il faut du souffle pour jouer de la trompette. Je crois au mystère et au surnaturel; or s’il y a quelque chose d’à la fois mystérieux et surnaturel, c’est bien une tornade » - Miles Davis

Je me dois de commencer par une citation de Miles lui même sur cet article car rien ne vaut la réflexion introspective d'un artiste sur sa personne. Comment en est-on arrivé à cette comparaison avec le "mystérieux" et le "surnaturel", qui définissent si bien ce grand nom du jazz, ou plutôt
de la musique tout court? Il y a énormément de choses à raconter pour pouvoir répondre à cette question et la Cité de la Musique a réussi à monter une exposition sur Miles Dewey Davis III pour que chaque personne puisse se forger sa propre opinion. J'annonce au passage que ma fascination pour Miles a d'abord débuté lors de mon enfance, pour moi la musique a toujours été vecteur de souvenirs. Mais c'est en grandissant que ma maturité musicale me permet de me plonger complètement dans le délire de l'univers de Miles. D'ailleurs je lui dois mon admiration pour le jazz, qui est selon moi la base pour comprendre la musique en général.

Donc Akram et moi-même, nous nous y sommes rendus samedi dernier.
Immersion totale dès l'entrée de l'expo, ambiance tamisée, un petit air de jazz qui flotte à nos oreilles et des murs couverts de portraits de Davis révélateurs de son charisme charmeur. On a des documents manuscrits, des photos d'époque et aussi des instruments lui ayant appartenus qui sont placés sous verre, tout est fait pour qu'on nous plonge dans l'univers Miles!
L'exposition commence par une partie sur sa situation familiale et le contexte historique de l'époque musicalement parlant. Pour faire court, Miles (né le 26 mai 1926) est issu de la bourgeoisie noire américaine, c'est sa mère qui s'est impliquée dans son éducation musicale et celle-ci aurait voulu que son fils choisisse de jouer du violon (elle en joue elle-même), cependant le petit Miles en avait décidé autrement et se retourna vers l'instrument phare du jazz: la trompette. Premier conta
ct avec cet instrument se fait à ses 10 ans et plus tard ses modèles seront les Saint Louis Sound ou encore Duke Ellington et Benny Goodman. Très tôt il aura une démarche innovatrice dans sa conception de la musique, il s'intéresse très profondément au be-bop qui est dans les années 1940 l'avant-garde du jazz.

En 1944 il fera pas mal de grandes rencontres, Charlie Parker (aka the Bird), Dizzie Gillepsie* puis à New York avec entre autre Thelonius Monk et Billie Holiday (que j'adore aussi).
En 1945 il rejoint le quintet de son compère Parker.
En avril 1946 il enregistre avec Parker des titres qui deviendront célèbres, ceux qui m'ont marqué étant "A Night In Tunisia" et "Ornithology"
Miles Davis continuera a faire pas mal de connaissances dans le milieu du jazz tout en continuant d'enregistrer. Il effectue son premier voyage à l'étranger en France lors du Festival International de Jazz à Paris en 1948, il tombe amoureux de la France et des français (enfin surtout de Juliette Greco). Il retournera aux Etats-Unis et se plongera sévèrement dans la drogue, c'est également à son retour qu'il lie de bonnes relations avec le batteur Kenny Clarke (il ne s'entoure vraiment que des meilleurs!) et qu'un nouveau style émerge: le Hard Bop. Puis arrivera l'heure de la formation de son premier grand quintet en 1955 composé de Miles Davis, John Coltrane (le disciple rejoindra les grands noms du jazz à son tour), Red Garland, Paul Chambers et de Philly Joe Jones.

Tout au long de sa carrière le groupe de Miles subira des modifications, que ça soit au niveau du changement des membres ou du nombre de musiciens qui le compose.
1959 est une année primordiale, Kind Of Blue est enregistré. Il faut savoir que cet album est entièrement improvisé et enregistré en une seule prise! Voila le génie de monsieur Davis, absorbé par sa folie créatrice il n'hésite pas à repousser toute les limites qui peuvent être imposés à un artiste. Il fait confiance à son instinct et à ses musiciens et laisse son âme parler sur l'instant du moment.
Bitches Brew marque à la fin des années 1960 son tournant musical vers la funk, le rock et le psychédélique (surtout avec Jimi Hendrix). L'album remporte un énorme succès à l'époque et prouve encore une fois au public l'innovation (l'art cover de l'album en fait bien partie aussi!) dont Miles peut nous faire part.
Ce qui était très intéressant lors de cette exposition, c'était les nombreuses interviews que nous avons pu écouter. Miles avait l'air d'être un type drôle et sympathique et on pouvait vraiment ressentir qu'il vivait la musique à 200%, justement en disant des choses (sans pouvoir vraiment citer au mot près):

"Dans le beat d'une mélodie, il doit y avoir beat au milieu, c'est très important, il ne faut pas supprimer le beat du milieu…"

Miles meurt le 28 septembre 1991 à 65 ans suite à des complications de santé. Son dernier album Doo-bop (posthume) rend hommage à son intérêt pour la musique hip hop.
En tout cas l'exposition permet d'apprendre beaucoup de choses sur le génie de Davis et on ne peut que gagner du respect à son égard! Enfin, et je vais conclure par cela, Miles Davis c'est pas moins de 52 albums en près de 30 ans d'activité.
*correction du nom, merci faten