Vincent Peillon démontre à l’envi l’extraordinaire capacité de nuisance dont il est capable. Il a en cela avec Nicolas Sarkozy – outre l’impolitesse et la vulgarité des attaques – l’art de l’alchimiste déjanté qui pervertit en vil plomb tout ce qu’il touche. Bravo, l’artiste ! mais permettez-moi de ne point apprécier ni ses pompes ni ses œuvres.
Il ne faut surtout pas croire ce qui s’écrit dans la plupart des gazettes : contrairement à ce qu’il a soutenu, il n’a pas prévenu Martine Aubry 48 heures avant son esclandre stupide. Il n’est pas vrai non plus qu’il soit unanimement soutenu par le PS – ni sans doute… réellement par la 1ère Secrétaire – sinon comme la corde le pendu ! - qu’il a bel et bien mise quasi devant le fait accompli.
J’ai fouiné dans Google car c’est exactement ce que je subodorai et j’ai déniché un très intéressant article du Point qui remet fort à propos les pendules à l’heure et j’avoue n’en être nullement surprise. Vincent Peillon est un fieffé menteur doublé d’un magouilleur de première bourre, mais ça, c’était évident depuis l’épisode de Dijon et sa tentative de faire main basse sur “Espoir à gauche” le courant de Ségolène Royal.
Vouloir l’en écarter c’est à peu près comme si je devais demander à mes voisins l’autorisation de rentrer dans mon appart dont ils auraient chouravé les clefs ou changé la serrure. Ce que font tous les squatters.
Vous dire que j’ai méticuleusement épluché cet article Comment Vincent Peillon a forcé la main au PS - le titre parle de lui-même ! – relève du pur euphémisme. La “méthode Kamizole” de recherche des infos et leur traitement est sans doute fort chronophage – la petite souris besogneuse cherchant la petite bête - mais très fructueuse quant au résultat.
Pourtant, l’article commence plutôt mal pour ma démonstration : «Le PS qui fait bloc derrière l’un des siens, l’image est rare. Pourtant, vendredi, les socialistes sont tous solidaires de Vincent Peillon, acteur d’ un spectaculaire coup de théâtre jeudi soir : l’annonce par communiqué , en plein direct, de sa non-venue à l’émission de France 2 À vous de juger, où il était attendu . Il faut dire que l’homme a eu la courtoisie de prévenir sa direction. Sa décision était prise “il y a plusieurs jours”, comme il l’a lui-même confié au site Internet rue89.com jeudi soir, et il a averti Martine Aubry “48 heures plus tôt”, officiellement. “Je voulais l’informer de ce que j’allais faire, ce qui me semblait normal”, a insisté l’eurodéputé sur France Info vendredi matin».
Notez bien «officiellement»… La réalité est fort différente. Le Parti socialiste est loin d’être uni derrière Vincent Peillon. Le Point distille bien quelques noms - d’Harlem Désir à Claude Bartolone en passant par Laurence Rossignol et David Assouline ; un proche de Peillon dans l’Espoir à Gauche «qui savait depuis lundi que le député européen comptait faire parler de lui»… - sans doute était-ce là le plus important ! - mais les critiques ne manquent pas au Parti socialiste. Celle de Pierre Moscovici non plus que Manuel Valls qui ne sont pas tendres du tout envers Peillon et se sont publiquement exprimés dans la presse.
Les proches de Martine Aubry parlent pour l’instant sous le couvert de l’anonymat mais ils permettent de rétablir la vérité sur le déroulement de cette lamentable affaire en mettant en lumière les mensonges de Vincent Peillon et c’est tout l’intérêt de l’article du Point.
“Il m’a prévenu et je le soutiens pleinement” a dit Martine Aubry vendredi, en marge de ses voeux à la presse régionale. Mais elle ne dit pas quand elle a été prévenue. Un cadre du Parti socialiste, proche de Martine Aubry, mais s’exprimant anonymement «s’est lui-même douté que quelque chose se passait en voyant le portable d’Aubry “qui ne cessait de clignoter hier soir”.
Il a raconté au Point que la première secrétaire du PS “n’a été prévenue par Peillon que jeudi après-midi”. – donc certainement pas “48 heures” avant le coup d’éclat – et de surcroît “Vincent Peillon n’a confirmé qu’il allait vraiment renoncer que quelques minutes avant le début de l’émission au porte-parole du PS Benoît Hamon”.
Par ailleurs, un autre proche d’Aubry va plus loin : «Vincent Peillon s’est en fait contenté de laisser un message à la maire de Lille jeudi après-midi» ! ajoutant que “Matine Aubry ne voulait pas cautionner, pensait que c’était une erreur de procéder de la sorte. Mais que faire ?”.
Un membre de la direction estime que.”Lorsqu’un représentant du PS accepte une invitation à une émission, la décision de ne plus y participer, même pour les raisons les plus nobles, engage le parti et devrait être prise collectivement”. Toujours selon le Point, un cadre du PS précise “Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a eu aucune discussion au parti, qu’il a pris cette décision seul”.
Vincent Peillon a donc bien piégé tout ce petit monde. Tout ça pour faire une super connerie. Selon David Assouline “En voyant comment s’organisait ce débat, Vincent Peillon a décidé de marquer le coup. Il était très en colère et avait une volonté de dénoncer les choses. La question “comment exprimer cette colère ?” ne s’est posée que dans un second temps, et il a alors pris la décision qu’il jugeait adéquate”.
Seul, mais il faudrait désormais assumer collectivement ? Ah ! non alors… C’est trop facile. Martine Aubry essaie de préserver comme elle peut l’unité de façade du PS. Un semblant de cohésion avant les régionales… Alors même que tout le travail militant risque de foirer à cause de la piètre image que donne Vincent Peillon du Parti socialiste. Je ne serais sans doute ni la première ni la dernière à lui garder un chien de ma chienne si les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que nous pouvions espérer.
Les arguments de ceux qui soutiennent le coup d’éclat de Vincent Peillon brillent par leur connerie.
Certes. Il passera désormais pour un idiot aussi inutile que malfaisant pour le Parti Socialiste… Quelle gloire !
La position du Parti socialiste – que je partageais – était de ne point participer au débat sur l’identité nationale dans les conditions où il avait été lancé par pure préoccupation électoraliste et en déchaînant les passions racistes et xénophobes les plus sordides.
Pourquoi Vincent Peillon a-t-il accepté de participer à l’émission d’Arlette Chabot alors même qu’il en connaissait les modalités ? Pour faire un coup d’éclat. Tel est pris qui croyait prendre.
Soit. C’est de la pure politique-spectacle, destinée en outre à améliorer l’image d’Eric Besson, passablement dégradée par son activité débordante au ministère de l’Immigration et de l’identité nationale : il a même réussi à largement dépasser les objectifs assignés par Nicolas Sarkozy en terme de chiffres de reconduites à la frontière…
Mais je constate que le syndicat de journalistes SNJ-CGT de France Télévisions - qui avait pourtant demandé l’annulation du débat prévu entre Eric Besson et Marine Le Pen – n’apprécie guère que Vincent Peillon eût demandé dans la foulée de son désistement la démission d’Arlette Chabot : “Si en plus des élus de la nation demandent la tête des journalistes, c’est de l’ingérence”.
Que pouvait dire Martine Aubry, sinon “qu’Il n’y a évidemment pas de problème de décision collective du Parti socialiste de boycott de France 2, la question n’est absolument pas là”.
Mandaté ou non par le Parti socialiste. Et alors ? C’est uniquement la preuve que Vincent Peillon n’avait qu’un seul but : se mettre en avant et faire un “coup” médiatique…
Le résultat aura largement dépassé ses espérances quant au buzz. Le grenouille se voulait faire plus grosse que le bœuf mais la montagne aura accouché d’une souris. Sans nul doute avec force clameurs mais il n’est pas sûr qu’il y gagne en crédibilité ni au sein de la classe politique – droite et gauche confondues – ni parmi l’électorat de gauche et encore moins chez les militants du PS.
Touché-coulé le Peillon ! Donnant ainsi la pleine mesure de sa détestable personnalité - une baudruche gonflée à l’hélium de l’égocentrisme – ne reculant devant aucune impolitesse et totalement dénué de sens politique pour appréhender correctement les conséquences de ses actes, il semble désormais plus près de la Roche Tarpéienne que du Capitole.
Bien fait pour lui s’il a – comme eût dit le savoureux Pierre Dac – «son avenir politique dans le dos»… «Cours, cours, camarade… le vieux monde est derrière toi» disions-nous dans la foulée de Mai 68. Maintenant, Vincent Peillon pourra toujours courir et se brosser.
Il est toujours plaisant au foot-ball de voir les imbéciles truqueurs se faire un croche-pattes dans la surface de réparation pour obtenir un penalty et écoper au contraire d’un carton rouge – synonyme d’exclusion de la partie ! - alors même qu’ils auraient pu marquer un but. Vincent Peillon marque un but… mais “contre son camp”… Chapeau !