La religion du Yémen ? L’islam dans sa variante sunnite. C’est du vivant du Prophète que le Yémen s’est converti. On ne remarquait il y a quelques années encore aucune manifestation ostentatoire de religiosité telle que l’on peut en rencontrer dans les pays « nouveaux convertis » d’Afrique de l’Ouest ou « reconvertis » d’Algérie.
D’autres branches de l’Islam subsistent encore : le chiisme duodécimain a une communauté importante ; l’ismaélisme est présent dans le djebel Harraz ; le zayidisme n’existe plus qu’au Yémen ; le shafaïsme est implanté au sud du pays ; le judaïsme est pratiqué à Sanaa dans le ghetto par les quelques 500 personnes restantes, les 43 000 autres ayant émigré en Israël en 1949 ; le christianisme et l’hindouisme sont très peu représentés.
J, K, Q, ce pourrait être l’emblème du Yémen : Jambia, Kalachnikov, Qat. Cette population qui descend pour moitié de la reine de Saba et pour moitié de Mahomet cherche depuis la réunification en 1990 sa place. La population, tribale sous l’arbitrage des cheikhs, avance à petits pas vers la démocratie, le cheikh étant l’intermédiaire entre l’Etat et le citoyen. Le Yémen est une démocratie d’hommes en armes. Au 7e siècle, le Yémen riche et peuplé pratiquait un Islam guerrier. Il n’y a pas d’extrémisme au Yémen où l’Islam est familial, ou social à la mosquée, pas de guerres de religion entre toutes les branches de l’Islam au Yemen.
Le Sud est plus riche que le Nord. Les prises d’otages des touristes servent à obtenir de l’Etat ce que l’on veut. Il n’y a pas de maltraitance des otages ce n’est qu’une monnaie d’échange !
Dans l’Hadramaout, Shibam, la « Manhattan du désert » est presque irréelle. Bâtie il y a 4 siècles par les constructeurs œuvrant avec terre et luzerne, s’élèvent des immeubles pouvant atteindre 10 étages !
Quelle place pour la femme yéménite ? D’après les autorités, aucune… Elle est, selon la religion, différente de l’homme. Est-elle libre ? Elle est décrite comme une personne discrète qui ne cherche pas le conflit. Dans ce cadre restreint, à condition de n’y pas déroger, la liberté existe. L’évolution est lente vers le progrès, le Coran, son interprétation par les imams et les traditions pré-musulmanes, sont un frein. Mais il n’est pas rare aujourd’hui de rencontrer des femmes qui ont fréquenté l’université, qui possèdent des diplômes, qui sont chefs d’entreprise.
Anecdotes vécues : au musée de Sanaa, une reconstruction d’un mariage dans une cage de verre. Il n’y a que de jeunes hommes autour de la vitrine. Ils regardent avidement les détails du bain, de la toilette, etc. – toutes choses qu’ils n’ont jamais vu après l’âge de sept ans ! Les mains appliquées sur le verre ils semblent captivés.
Un prisonnier sort de prison sous nos yeux dans la journée, fers aux pieds…pour aller acheter des cigarettes et du thé !
Un vieux surveille les jeunes femmes aux fenêtres qui nous appellent. Il les menace de sa canne. Gardien de la tradition et des bonnes mœurs selon la religion, il ira le soir, après sa séance « verte », raconter cela au Maître de maison. Qui châtiera dûment son épouse infidèle… en pensées sinon en paroles et en action.Les femmes qui découvrent ce qui se passe dans d’autres pays par la télé ont réclamé plus de liberté à leur époux. Elles se sont vues privées de télé ! Comme quoi la démocratie cathodique a du mal à contrer les mœurs et traditions machistes.
Scène dans le désert, un 4×4 refuse de passer une dune malgré plusieurs tentatives de son chauffeur. On arrête la troupe, là où elle se trouve. Les voyageurs locaux sortent sur le sable, quelqu’un met la musique à fond et les hommes dansent entre eux, d’autres tirent au fusil sur un objet laissé sur les dunes… Inch Allah ! La panne se résoudra quand Dieu le voudra bien.
Sans prétention, je vais tenter de vous guider vers les lieux visités qui m’ont personnellement émerveillée : Al Hoteib, djebel Harraz, Aden, Sanaa, Jibla…
Sabine
ééé
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