« Lorsqu’on prononce aujourd’hui le mot de télégraphie, l’esprit se reporte aussitôt à cette merveilleuse application de l’électricité qui permet le transport de la pensée d’une rive à l’autre des océans. Eh bien ! on se représente difficilement un télégraphe sans fils entre Brest et New York, entre San Francisco et Yokohama. Deux raisons principales s’opposent à la réussite des communications sans fils à d’aussi grandes distances. La première est la difficulté qu’on éprouve à obtenir un faisceau de rayons qui demeure bien cylindrique, qui ne s’épanouisse pas. La seconde est due à l’absorption que les milieux interposés, l’air lui-même, ne manqueront pas de produire. Il faudrait d’ailleurs, pour ne traverser que l’air interposé entre l’Europe et l’Amérique, établir des sémaphores de hauteurs si considérables qu’il serait plus économique de fabriquer un câble transatlantique. » Due à A. Turpain à la fin du XIXème siècle et puisée dans les Comptes rendus de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences (AFAS – 1899), cette prophétie imprudente fut rapidement démentie par les progrès ultérieurs de la TSF, devenue ensuite la technologie de la radio. Cette anecdote montre à quel point même un expert averti peut se tromper ! Car sur la base de tels arguments, notre auteur aurait évidemment rejeté avec force toute possibilité d’envoyer des images télévisées non seulement « de Brest à New York », ou de « San Francisco à Yokohama » mais a fortiori, comme on le fait désormais, de la Terre à la Lune ou d’une planète à l’autre !…