Je sais, tout le monde s’en fou du hip-hop de nos jours, et du hip-hop indie alors là c’est le pompon. Mais nous nous risquons quand même à perdre une partie de notre lectorat et sûrement celle qui, de cette musique, n’a gardé au mieux en mémoire que l’aventure Anticon ou les exploits d’Outkast. Pourtant le hip-hop underground cache et ce, depuis déjà plus de 20 ans, une masse d’artistes qui auraient mérité à peine plus les faveurs de la presse musicale bien pensante. Cette presse qui au lieu de se pavoiser devant les prétendus génie de Jay-z et autre avant-gardisme de Timbaland, aurait mieux fait d’appréhender sans œillères ce que ce genre et ses petites mains ont apporté à l’histoire de la musique moderne.
A l’époque où le hip-hop était encore bien vivant, le collectif de Los Angeles des Shape Shifters fut sans doute le groupe le plus intéressant à suivre. Toujours en activité, une grande partie de ses membres continue chaque année à sortir, comme si de rien n’était, des albums certes moins réjouissants et loin des productions d’antan mais qui ont pour eux ce goût intact et immodéré pour l’authenticité qui leur permet de sauver à eux seuls cette culture du naufrage.