Y’a des livres comme ça, qui vous rabotent un peu le moral de bon matin…
Hier matin donc, j’ai attaqué le dernier bouquin d’Hervé Kempf, « Comment les riches détruisent la planète » au Seuil.
Il serait dommage de s’arrêter au titre légèrement racoleur de l’ancien journaliste du Monde, reconnu pour la qualité de son travail sur les questions environnementales.
Les trente cinq premières pages dressent un tableau, comment dire, pas exactement très optimiste, de la situation. Morceaux choisis.
Le constat.
« La situation écologique de la planète empire à une allure que les efforts de millions de citoyens du monde conscients du drame mais trop peu nombreux ne parviennent pas à freiner. »
« Le système social qui régit actuellement la société humaine, le capitalisme, s’arc-boute de manière aveugle contre les changements qu’il est indispensable d’opérer si l’on veut conserver à l’existence humaine sa dignité et sa promesse ».
Laissons la parole à James Lovelock : « Avec le réchauffement climatique […] la plus grande partie du globe va se transformer en désert. Les survivants se grouperont autour de l’Arctique. Mais il n’y aura pas de place pour tout le monde, alors il y aura des guerres, des populaces déchaînées, des seigneurs de la guerre. Ce n’est pas la Terre qui est menacée, mais la civilisation ».
Le Climat.
« L’augmentation de la température moyenne à la fin du XXIe siècle, envisagée en prolongeant les tendances actuelles, devrait se situer entre 1.4 à 5.4 °C. Elle est calculée par le GIEC (Prix Nobel de la Paix de cette année). […] Ces chiffres apparemment modestes sont en fait importants. La température moyenne du globe est de 15 °C. Quelques degrés suffisent à un changement radical de régime climatique ». […] « Le système climatique pourrait s’emballer de façon irréversible ».
La biodiversité.
« ‘Nous sommes actuellement responsables de la sixième extinction majeure (d’espèces) dans l’histoire de la Terre, et de la plus importante depuis que les dinosaures ont disparu il y a 65 millions d’années’ affirme le Rapport sur la biodiversité globale rendu lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité, au Brésil en 2006. »
« ‘Nous avons connu dans les trente dernières années des changements plus rapides que jamais dans l’histoire humaine’ résume Neville Ash, du Centre mondial d’Observation de la Nature ».
« Le Millenium Ecosystem Assessment exprime la même idée autrement : ‘La machinerie vivante de la Terre a tendance à passer d’un changement graduel à un changement catastrophique sans guère d’avertissement…’ ».
« On estime par exemple que 18 000 bouts de plastique flottent sur chaque kilomètre carré d’océan (70% de la surface du globe…) ».
Et l’homme ?
« En Allemagne, où plusieurs organismes publics analysent régulièrement, depuis des années, le lait maternel, on a constaté que celui-ci contient jusqu’à 350 types de polluants ».
« En fait, les démographes et les spécialistes de santé publique commencent à envisager que l’allongement de l’espérance de vie […] pourrait prochainement s’arrêter ».
Et la planète ?
« L’Asie grimpe aussi rapidement vers la première place du podium des émissions de gaz à effet de serre ».
« Tous ensemble, nous commençons à dépasser les capacités de récupération de la planète […]. En 1960, l’humanité n’utilisait que la moitié de cette capacité biologique ; en 2003, elle tirerait 1.2 fois sur cette capacité ».
« Autre exemple d’interaction, le changement climatique devrait favoriser l’extension hors de leur écosystème d’origine de vecteurs de maladies : par exemple, les moustiques porteurs du paludisme vers les pays de l’Hémisphère Nord ».
Et l’énergie ?
« Si les deux pays (Chine et Inde) devaient atteindre dans les prochaines décennies le niveau actuel du Japon – le plus sobre des pays développés -, ils absorberaient 138 millions de barils par jour. Or, en 2005, la consommation mondiale atteignait 82 millions de barils par jour ».
Pour piqure de rappel, Le Monde d'hier titre "L'envolée des besoins en énergie est 'alarmante'" suite au rapport de l'Agence Internationale de l'énergie.
Conclusion.
« ‘Pendant un certain temps, on ne percevra pas les conséquences de la perte de biodiversité. Et puis, tout d’un coup, il va se produire des catastrophes : invasions de nouvelles espèces, impossibilité de contrôler des maladies, émergence de nouvelles maladies, y compris pour les plantes, perte de la productivité des écosystèmes ».
« Nous devinons la forme que prendra la catastrophe parce que nous commençons à l’expérimenter sur une petite échelle : l’épizootie de grippe aviaire est une maquette des grandes épidémies imaginables, le chaos qui a suivi l’inondation de la Nouvelle-Orléans en septembre 2005 est une répétition modeste de celui qui suivra un continent ravagé par les tornades, la canicule de l’été 2003 en Europe un signe avant-coureur des fournaises qui s’annoncent ».
Heureusement, il reste le Développement Durable, ouf…et Roberto Cavalli chez H&M !
L'illustration est de l'artiste Mary Mattingly.