La lecture "du" Bethsabée - ou l'éloge de l'adultère - de MAREK HALTER m'a donné envie d'en connaître sur cette illustre femme biblique.
Il a présenté son lien avec le roi David comme passionnel, si puissant, que les deux amants parviennent à apaiser la colère de Dieu (qui leur a ravi leur premier-né), pour vivre un amour sans faille, couronné du bonheur d'engendrer un deuxième garçon : Salomon, qui deviendra roi, lui aussi.
Torgny Lindgren présente cette femme de toute autre manière : bien qu'elle reste passionnelle sur le fond, la relation entre Bethsabée et David, n'est pas seulement nourrie, selon lui, seulement par l'amour entre les deux protagonistes, mais aussi par le désir de vengeance qu'entretient savamment Bethsabée.
C'est la haine de Bethsabée pour David qui fonde leur union.
Parce que tout commence par un viol ; le viol de Bethsabée par David. Elle a dix-neuf ans à peine, elle est mariée et a été achetée par Urie, le Héros, lorsqu'elle avait treize ans. Elle est belle, effroyablement belle ; elle est timide ; elle est vertueuse.
David, en la découvrant au sortir de ses ablutions, la veut immédiatement. Il l'envoie quérir... ce que David veut... femme doit le vouloir !
De cette rencontre brutale, bestiale, Bethsabée sort meurtrie à jamais : "Prisonnière et vaincue, voilà comment elle se sentait. Celle qui est vaincue n'a plus de projets, pensa-t-elle, ni aspirations ni buts, celle qui est vaincue est dépourvue d'espoirs et de rêves, abandonnée et libre. Libre d'être prisonnière.
Cette situation ne devait pas s'éterniser, il lui faudrait vaincre le roi David".
Marek Halter présente Bethsabée comme celle qui participera à l'histoire, Torgny Lindgren dit qu'elle FERA cette histoire, en mettant en œuvre toutes les ruses et stratégies possibles pour permettre à son fils Salomon d'accéder au trône.
Et Bethsabée ne recule devant aucune rouerie, devant aucun sacrifice pour parvenir à ses fins. Les Grecs auraient pu dire qu'elle utilise sa "Méthis".
Le récit est une longue suite d'atrocités, de meurtres, de scandales, de guets-apens, de combats, de guerres. Bethsabée réussit à être plus rusée que David - ce qui n'est pas rien - pour prendre le pouvoir s'en qu'il s'en aperçoive ; elle gouvernera encore sept années après la mort de David, avant de confier le sceptre à son fils.
Et pourtant, Bethsabée restera fidèle à cet homme qui l'a possédée de force, qui est allé jusqu'à castrer son mari pour usurper le droit de la garder pour lui.
Je suis restée "dans ce livre" pendant plusieurs semaines. "Dans", oui ! L'histoire de Bethsabée, telle que la décrit Torgny Lindgren, m'a subjuguée, tant cette femme qui a vécu dans un monde archaïque peut être "moderne".
Torgny Lindgren dit que l'histoire de Bethsabée lui a été racontée, lorsqu'il était enfant, par sa grand-mère, tel un conte de fées. C'est de l'oralité qu'il a tiré cette oeuvre "grande comme un arbre planté dans la respiration divine jusqu'aux étoiles" (Patrick Grainville).
Vous l'aurez compris, ce livre est mon premier
de l'année 2010