Timée éditions, 140 p. 19 euros
Vingt ans après sa dernière descente, l'homme à la tête de chou n'a rien perdu de sa splendeur. Film et livres nous renvoient en pleine lumière aujourd'hui la mémoire d'un artiste maudit et génial. Parmi cette floraison d'oeuvres souvenirs, on retiendra le portrait proposé par les éditions Timée : la bio illustrée et bien composée d'un illustre séducteur, provocateur et chanteur à ses bonnes heures perdues.
On re-découvre toutes les étapes majeures de sa destinée : sa jeunesse meurtrie par la maladie et la peste antisémite, sa période picturale ratée et son plongeon dans la chanson, cet art qu'il estimait alors mineur. Le point de départ de cette vocation s'appelle Boris Vian, sa prestation révèle Lucien Ginsburg. A 30 ans en 1956, Serge Gainsbourg interprète pour la première fois sur scène le Poinçonneur des Lilas. Le trac est déjà là et ses remèdes, les alcools et les fumigènes aussi. Le laid cherche les belles qui sont les héroïnes de ses grâces couchées sur le papier : Greco, BB, Gall, Jane sont ses muses pour qui il écrira ses plus beaux morceaux. Mais il composera aussi pour quelques grands de la chanson française : Claude François, Dutronc, Bashung ou encore Julien Clerc. L'homme « qui sème des grains de pavot sur les pavés » s'inspire des dernières semences musicales pour se faire entendre : la Marseillaise cuisinée au reggae et les premiers albums rap sont ses trouvailles sulfureuses et avant-gardistes. Gainsbourg-Gainsbarre appartient à cette modernité poétique qui a toujours su dans l'histoire tout à la fois choquer et fasciner par ses frasques, c'est un Rimbaud qui s'exile à jamais, c'est un Baudelaire qui offense par ses Fleurs du Mal, c'est un surréaliste qui accouple les réalités les plus éloignées. L'ouvrage qui regroupe des anecdotes et les évènements marquants est un vrai et bel hommage à cette étoile filante de la chanson française.