En dépit de la rupture prônée par Nicolas Sarkozy, notamment avec le quinquennat précédent durant lequel il fut plus de quatre ans ministre, son Premier ministre essaie de bénéficier de l'une des réformes mise en œuvre sous la présidence de Jacques Chirac : le "plaider coupable" sensé permettre d'obtenir d'une peine atténuée sans jugement en cas de reconnaissance de ses délits.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que François Fillon n'y va pas par quatre chemins pour balancer ce qu'il sait, alors que comme juge sévère envers le gouvernement actuel on a connu pire que Jean-Pierre Elkabbach surtout quand l'audition se déroule sur Europe 1. Cela n'empêche le Premier ministre de revendiquer ouvertement sa "complicité totale" avec le président de la République. Et comme tous les seconds couteaux lorsqu'ils se mettent à table, impossible de stopper son flot d'aveux, notamment : "on parle tous les jours, on réfléchit tous les jours à la meilleure manière de réagir. On forme une équipe qui est extrêmement soudée". Mieux, il joue les balances sur des coups précis n'hésitant pas à donner ses complices (sans doute dans l'espoir d'une remise de peine) : "suffit pas que le président de la République se rende au Guilvinec pour annoncer aux pêcheurs des mesures pour que les mesures soient mises en oeuvre! Il faut que derrière il y ait des ministres". Avant de conclure en essayant de jouer les gangsters d'honneur à la manière des héros de José Giovanni : "je veille à la cohérence des politiques et je coordonne l'équipe gouvernementale pour qu'elle puisse réagir sans délai aux impulsions du président. C'est un choix que j'ai partagé depuis le début. Je n'ai pas du tout le sentiment de me sacrifier".
Reste à savoir si Nicolas Sarkozy, plus proche de Scarface (jusque dans les gourmettes en or ostentatoires), s'en souviendra le jour où il remaniera son actuel lieutenant…
Mais après les aveux, François Fillon passe aux mensonges éhontés en affirmant que "personne ne peut croire que le gouvernement souhaite qu'il y ait une grève nouvelle dans les transports qui pénalise des millions de Français". Oh bah non alors… il suffit de lire l'interview du conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie, dans Les Echos pour se convaincre du contraire tant il y présente ouvertement cyniquement la tactique du gouvernement : "c'est la plus difficile des réformes puisqu'elle concerne ceux qui ont le pouvoir de blocage le plus fort, elle est donc un test important de la capacité à réformer. Si elle réussit, le reste suivra..."
Traduction : un conflit dur qui emm… les usagers des transports est tout bénéf pour Nicolas Sarkozy dans son concours de celui qui à la plus grosse puisqu'une grève impopulaire de grande ampleur lui permettra, s'il ne cède pas, de briser les syndicats en les stigmatisant et en livrant à la vindicte populaire.