Petit déjeuner égoïste ce matin, à lire les journaux dans un café, sans le tumultueux réveil des enfants dont je ne pourrais pourtant plus me passer en compagnie de ma femme.
L’article du Figaro sur le bilan de la loi sur le divorce simplifié a particulièrement attiré mon attention. L’évolution de la société et de ses valeurs s’y reflète particulièrement. Alors que le matérialisme caractérisait les années 80, avec des enjeux essentiellement financiers en cas de divorce, aujourd’hui, les enfants sont l’enjeu principal des négociations parentales.
Le fait de ne plus avoir à énumérer les fautes de son conjoint n’a en rien pacifié la procédure. Les enfants sont souvent instrumentalisés, au point que la notion d’aliénation parentale, toute droite importée des Etats-Unis, vient de faire son apparition dans les jugements. Il s’agit de faire pression sur l’enfant pour qu’il refuse ou ne s’autorise plus à voir l’autre conjoint. Plus de 2 millions d’enfants ne voient que très peu l’un de leurs parents.
Vouloir s’accaparer l’enfant à soi est apparamment fréquent, et me rappelle un article d’un psychologue, dans je ne sais plus quel journal, dont les conclusions me semblaient pertinentes : nous vivons dans une société très individualiste et qui cultive le culte du jetable, jusque dans les relations amoureuses, où la rupture intervient très rapidement face à quelques passages difficiles. Le couple n’est alors plus le lien de continuité de nos vies, cette espèce de fil rouge qui nous permet de nous voir évoluer. Finalement, aujourd’hui, le seul lien certain de continuité reste nos enfants, avec tous les risques de dérives affectives que cela entraîne, en leur reportant beaucoup de nos sentiments dont ils devraient être épargnés.
Les raisons des déchirements autour des enfants sont multiples, variées et toujours complexes, mais je pense que ce besoin de rattachement au fil rouge de nos vies en fait toujours partie.