« Clinton a, en mars dernier, accompagné le Secrétaire général durant une visite officielle de deux jours en Haïti afin d’appuyer le plan de développement élaboré par le gouvernement de Port-au-Prince qui cherche à éveiller l’économie haïtienne assoupie. »
« L’ancien président s’est fortement engagé sur le plan philanthropique envers la nation antillaise à travers l’Initiative mondiale Clinton. »
« Selon Clinton, le peuple et le gouvernement haïtiens sont en mesure de surmonter les graves dommages causés par les quatre tempêtes qui ont frappé l’île l’an dernier. »
“L’ONU craint qu’après plusieurs années de calme relatif grâce au concours de la MINUSTAH, l’instabilité politique ne s’empare de nouveau du pays.”
“Quatre cyclones et tempêtes ont causé 900 morts, laissé 800 000 sinistrés et détruit la maigre infrastructure civile du pays.”
L’histoire d’Haïti et de sa tragédie est bien plus complexe
C’est en Haïti, où plus de 400 000 esclaves travaillaient pour 30 000 propriétaires blancs, que les hommes et les femmes soumis à l’odieux système furent capables, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, d’abolir l’esclavage, de maintenir et de défendre un État indépendant en lutte contre les soldats qui avaient mis les monarchies européennes à genoux.
Cette étape coïncida avec l’essor du capitalisme et l’apparition de puissants empires coloniaux qui dominèrent les terres et les mers de la planète durant des siècles.
Les Haïtiens ne sont pas coupables de leur pauvreté actuelle
Ils sont les victimes du système imposé au monde. Ils n’ont pas inventé le colonialisme, le capitalisme, l’impérialisme, l’échange inégal, le néolibéralisme, ni les formes d’exploitation et de pillage qui sévissent sur la planète depuis deux cents ans.
Notre coopération avec la population haïtienne : des écoles, des médecins
René Préval était alors président et Jean-Bertrand Aristide chef du gouvernement. Les cent premiers médecins cubains furent envoyés le 4 décembre 1998, et le chiffre de coopérants de la santé s’éleva par la suite à 600.
C’est à cette occasion que nous avons créé l’École latino-américaine de médecine (ELAM) où plus de 12 000 jeunes latino-américains font actuellement des études. Et c’est aussi à partir de là que nous avons concédé à de jeunes Haïtiens des centaines de bourses d’étude à la faculté de médecine de Santiago de Cuba, l’une des meilleures du pays.
En Haïti, la quantité d’écoles primaires avait augmenté et continuait de le faire. Même les familles les plus modestes rêvaient que leurs enfants puissent faire des études, seul espoir pour eux d’échapper à la pauvreté en travaillant dans le pays ou à l’étranger. Le programme cubain de formation de médecins fut bien accueilli. Les jeunes sélectionnées pour étudier à Cuba avaient une bonne préparation de base, héritage peut-être des progrès de la France dans ce domaine. Ils devaient faire une année de propédeutique, dont des cours d’espagnol. Ce programme a constitué une bonne pépinière de médecins de qualité.
À ce jour, 533 jeunes Haïtiens ont conclu leurs études comme spécialistes de Médecine générale intégrale dans nos facultés de médecine, et 52 d’entre eux étudient maintenant à Cuba une seconde spécialité en fonction des besoins. Un autre groupe de 527 continue d’en faire, selon le quota de bourses adjugé à la République d’Haïti.
Mais ceci ne se fait pas en un an : il y faut absolument une culture de la santé que le peuple haïtien acquiert avec un intérêt croissant. On note des progrès qui prouvent qu’il est possible d’améliorer considérablement les indicateurs de santé.
Les trois centres ophtalmologiques ouverts en Haïti ont permis d’opérer 37 109 personnes de la vue. Les cas trop compliqués pour être opérés sur place sont envoyés à Cuba et soignés gratuitement.
Il est quelque chose de plus important que les ressources que la communauté internationale pourrait apporter : le personnel humain qui les utilise.
Nous avons pu aider modestement le peuple haïtien bien que les cyclones dont a parlé Clinton nous aient aussi frappés. C’est là une bonne preuve que ce qui fait défaut dans le monde, c’est la solidarité.
Le plus important, c’est la mise en place des nouvelles formes de coopération dont ce monde égoïste a tant besoin. Les organismes des Nations Unies peuvent attester que Cuba apporte ce qu’ils qualifient de Programme de santé intégral.
Rien ne sera le fruit de l’esprit philanthropique d'aucunes institution.
Traduction ESTI
MICHEL COLLON RECOMMANDE CE ROMAN :? ?
Le soulèvement des âmes, Actes Sud, 1996
Le maître des carrefours, Actes Sud, 2004
Source Michel Collon