La nouvelle fait doucement le tour de la blogosphère , plus de la moitié des anges de la cèche de ND de la Nativité ne sont plus de notre monde. Mon coeur est broyé par cette nouvelle, pour ces âmes innocentes fauchées trop tôt, pour ces familles, leur entourage et ceux qui oeuvraient pour ces enfants et leurs adoptions.
J'espère que ces familles seront bien entourées pour l'accompagnement dans ce deuil difficile. Car oui, il s'agit d'un vrai deuil à faire, le perte d'un enfant dont on n'a pu profité ou protégé du pire. Celui d'un enfant imaginaire certes, mais bien réel dans le coeur de sa famille. Beaucoup de "non initiés" à la réalité de l'adoption ont la tentation de répondre à cette souffrance par un "c'est pas grave, tu ne le connaissais pas, et puis il y en aura un autre". Non, aucun enfant ne pourra remplacer celui qui est parti. Même s'il n'est jamais arrivé en foyer, même si on ne l'a jamais touché. Les photos, vidéos, petites anecdotes, dessins, informations dans un dossier rendent cet enfant imaginaire, fantasmé et rêvé si vivant, si réel, si adorable... Car oui nos enfants adoptés, très souvent nous les aimons, dès le premier coup de fil annonçant son attribution, dès la première photo. Il prend avec une rapidité fulgurante la place béante dans notre coeur qui lui était réservé, et c'est bien difficile de prendre du recul et de modérer ses ardeurs le temps de l'attente du jugement.
Je suis bien placée pour le savoir, j'ai beau le dire aux familles que je croise, EdE ou ailleurs, les prévenir, leur rappeler que l'adoption est une aventure à haut risques de A jusqu'à Z, rien à faire, les parents tombent en amour pour cet enfant qui n'est pas encore le leur et qu'ils n'ont jamais vu dès les premiers instants et même souvent avant l'attribution officielle. Je ne vais pas leur jeter la pierre, car souvent ce sont les cordonniers qui sont les plus mal chaussés... Mais malgré tout, je continue mes beaux discours d'avertissements, encore et encore...
J'espère que ces familles dans le deuil de leur enfant haïtien parti dans ces circonstances effroyables seront bien entourés pour travailler sur ce deuil d'un enfant tout à la fois abstrait et bien réel. Cet enfant fera toujours partie de leur fratrie, même si son nom ne sera pas sur le livret de famille (en tout cas pour ceux qui n'ont pas eu le jugement) ; ce message s'adressait à tout leurs proches pour accompagner comme il se doit (et il ne faut pas hésiter de passer par un professionnel tant ce deuil est complexe) ces familles dans le long et pire des deuils, celui de leur enfant.