Quarante ans après la fondation du musée du Compagnonnage de Tours, Laurent Bastard, qui est chargé de sa conservation, consacre un nouveau livre à ce que ce musée présente de plus spectaculaire et de mieux connu du public : les chefs-d’œuvre de Compagnons. Loin de se satisfaire de publier de belles photographies en couleurs d’un grand nombre de ceux-ci, Laurent Bastard entraîne ses lecteurs dans une découverte de leur sens profond. Que signifie au juste le chef-d’œuvre pour un Compagnon ? Que signifiait-il autrefois ? Que signifie-t-il aujourd’hui ? Quelle est son évolution à l’heure actuelle ? Autant de questions — et cent autres encore — auxquelles l’auteur répond avec l’érudition toujours discrète et pédagogue qu’on lui connaît, en appuyant ses propos de documents peu connus et de citations pertinentes.
Suite:
Après une copieuse introduction sur l’histoire des compagnonnages français — qui n’est pas un ramassis de généralités, comme on en lit hélas trop souvent — et un premier chapitre consacré tout entier au sens que donnent les Compagnons aux chefs-d’œuvre, ces derniers sont présentés par familles de matériaux : la pierre, le métal, le bois, le cuir et les textiles, sans oublier enfin les métiers de bouche. Si l’on y trouve un grand nombre de chefs-d’œuvre « historiques » — tel, bien évidemment, l’escalier à dessous coulissant d’Agricol Perdiguier (1825), ou encore le grand chef-d’œuvre des « Indiens » de Tours (1869) — ou « classiques », c’est-à-dire déjà reproduits dans d’autres ouvrages, tel le bel album qu’avait publié sur ce même sujet en 1980 le fondateur du musée du Compagnonnage, Roger Lecotté, une place importante a été réservée aux travaux contemporains. On peut ainsi admirer, entre autres pièces remarquables : le « dauphin bondissant » (1994) du Compagnon menuisier du Devoir de Liberté Philippe Rey, en frêne cérusé bleu ; l’ « hommage au musée de Tours » réalisé pour les 40 ans du musée par le Compagnon cuisinier des Devoirs Unis Jean Philippon, en pâte à nouilles ; la « main tenant une sphère » (1996) du Compagnon chaudronnier du Devoir Gil, une magnifique sculpture tenant tout autant de l’art que de l’artisanat ; ou encore l’ « escalier de la maison de Tristan » (2001) du Compagnon maçon des Devoirs Stéphane Fabret, un escalier à « vis de Saint-Gilles » en brique avec son coffrage en bois. On pourrait prolonger cette liste de nombreuses pièces tout autant remarquables, mais le mieux est de se plonger dans ce très beau livre, magnifiquement servi par les photographies de Richard Nourry, et, que l’on soit profane ou Compagnon, y découvrir mille et un détails insoupçonnés. Car ce n’est pas seulement un beau livre, c’est avant tout un bon livre…
Vous pouvez faire l'acquisition de ce bel ouvrage via le coin boutique du blog.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)