Jusqu’aux exploits des barjots handballeurs, les équipes de France de sports collectifs ont traversé des décennies sans le moindre succès. Elle ont depuis accumulé les performances de choix et semblent, à la lumière des trois dernières compétitions internationales s’être si bien enorgueillies de leurs victoires qu’elles en sont devenues de véritables machines à s‘auto mutiler.La finale du tournoi mondial de foot en 2006 met en scène une sélection française cohérente, ayant progressé au fil de la compétition. Réunie autour d’un meneur de jeu inconstant mais lumineux, elle tient son adversaire italien et laborieux entre ses griffes lorsque l’orgueil de son meilleur joueur le frappe de connerie et précipite l’équipe vers la défaite.
Les matchs de préparation au championnat d’Europe de basket positionne l’équipe française parmi les favorites de la compétition. Elle dispose deux fois de la solide Slovénie et balaye d’un souffle la glorieuse Russie. Le discours ambitieux s‘appuie sur la prétendue qualité des joueurs qui pourtant ne sont souvent que simples remplaçants dans leurs clubs et qui n’ont jamais rien glandé en équipe de France. Le parcours s’avère chaotique (défaite en poule contre les slovènes), jusqu’à la punition sans ressort face à la Russie, future championne. Les joueurs sont vexés et les derniers objectifs, dont une importante qualification pour le tournoi olympique, s’effondrent dans la poussière d’un collectif délité.
A l’orée de la coupe du monde de Rugby...
Organisée par les soins de notre omnipotent président fédéral, les français sondés témoignent une confiance immodérée au trouble M. Laporte pour conduire l’équipe au titre suprême. La sélection française se révèle faible et sans imagination. Si elle parvient à précipiter l’opinion dans un élan romantique à la faveur d’une rencontre courageuse contre les blacks, ses limites s’affichent sans recours dès le match suivant. Les erreurs de sélection sont nombreuses mais là n’est pas l’essentiel car la performance sportive ne peut être blâmée dès lors que sa mise en condition fut catastrophique. Ainsi la vanité expédia l’équipe du pays hôte dans un quart de finale à l’extérieur, ainsi le patriotisme requalifia un simple événement sportif en mission républicaine et ainsi le gouvernement dans son entier prit place dans les tribunes du stade de France pour la demi-finale alors que les places étaient si chères et si rares. Le déroulement de la compétition a décidément offert à l’expression « Se prendre au sérieux » une véritable parabole sportive.
Chacun de ces revers doit être nuancé au regard de sa nature et de son ampleur.
Dans un contexte international extrêmement concurrentiel, le parcours de l’équipe de France de football en 2006 est par exemple très satisfaisant., tandis que la performance des basketteurs doit être qualifiée de lamentable. Un point commun cependant rapproche ces échecs: la suffisance. Dans les trois cas, n’a-t-on pas prétendu à la victoire plutôt que de l’ambitionner, transformant des compétiteurs au service du jeu en orgueilleux en service de la gloire?
Lors d’une solennelle entrevue télévisée, M. Zidane s’excuse de l’inexemplarité de son geste auprès des éducateurs. Voilà donc un footballeur (être humain ne se distinguant en rien hors d’un terrain d’un autre être humain, hormis par l’épaisseur de son portefeuille), dressé au rang d’icône d’une morale dont on se tamponne, l‘italien n‘ayant même pas souffert et l‘auteur d’ailleurs, n‘ayant nullement été inquiété par les tribunaux pénaux. Les supporters du jeux ainsi que les autres membres de l‘équipe en furent meurtris, mais ne bénéficièrent d‘aucune excuse.
Le rapprochement du sport et de la politique n’est profitable qu’à la deuxième. Pourquoi mettre dans la tête de sportifs l’idée qu’ils représentent la Nation? Le populisme débectant et le patriotisme écoeurant qu’induit ce discours dénaturent complètement l’objet du sport de haut niveau, lequel consiste chez les sportifs à optimiser leur potentiel athlétique et pour nous, trop petits, trop gros ou trop fainéants, à assister à un spectacle. Bande de petits papillons, ne vous glorifiez pas des exploits d’autrui et aimez le sport pour le sport!
Matthieu