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Par Markhy

Les mollets qui tremblent quand on marche, on cherche dans les yeux des passants un réconfort affreusement égoïste. Heureusement il ne vient pas. Je remonte l’écharpe jusqu’à mon nez, et visse le bonnet au bords des cils, je suis dans mon niqab perso, j’hésite sur chacun de mes pas, mais fixe loin devant moi et tant pis si je tombe sur toi.

La peau orange, elles préfèrent ça à la peau d’orange. Et les merdes qu’elles s’étalent sur le visage, je préfère te lécher les fesses. Naturelles. Quand je dors, je bave un peu sur toi, ça me fait du bien d’être la bouche grande ouverte sur quelqu’un. Ma bave t’impressionne, elle laisse des tâches blanches dans notre lit, tu en parles comme si tu n’en avais jamais vu, de l’acide t’appelles ça. Je cours après le temps en ce moment, j’aime être fatigué mais je te parle mal quand c’est comme ça. J’essaye de trouver des lieux pour dormir, éviter qu’on s’engueule, le rer a été fait pour ça. Comme ça fait longtemps que je n’ai pas eu de places assises, on se crie beaucoup dessus ces derniers temps.

Ça te rassure de débriefer chacune de nos soirées même les plus anodines, t’arrives à les faire ressembler aux fameuses de l’ambassadeur, et tu me racontes ce qu’on a fait dans un sms qui tombe vers 10h30. Si t’as ta pause. Je souris comme un con, j’ai toujours envie de balancer une connerie genre « et oui et quand j’ai fait caca, c’était sympa hein? » mais ça va te saouler que je dise ça, j’ai grandi, maintenant que je suis un daron, j’envoie un sourire qui acquiesce. Deux points parenthèse droite qui t’énervent encore plus
qu’une vanne à la con. Je n’ai pas encore trouvé le milieu, je fais semblant de chercher pour pas qu’on se fasse chier.

Je n’aime pas me comparer aux autres. Le couple des copines, des frères, des soeurs. Je ne veux pas qu’on rentre dans ce truc de couple, la compétition tacite entre les couples, j’ai toujours regardé ça comme une course de pur sang, nous n’en sommes pas. Je veux qu’on pense chacun à ses trucs égoïstement loin des histoires, des diners avec des gens où je dois expliquer ce que je fais, je suis étudiant, mais vl’à, genre je suis graphiste, genre D.A. junior mes couilles, j’embellis mon travail mais j’ai un book instable, mes pubs se chient dessus et mes projets webs ont une meilleure gueule sur le papier plutôt que sur l’écran. Je n’aime pas parler de moi, de ce que je fais, sauf si le champagne est gratos. Jaime bien quand on se montre nos culs, qu’on rigole. Devant le miroir, on reste simple, et si on s’éloigne on plonge dans la suffisance. Soyons narcissiques insociables tant qu’on ne fait pas chier les autres. J’utopise. Mais ça ne se cassera pas la gueule.