L'ex-consul de la République islamique d'Iran à Oslo vient de confirmer la rumeur de sa démission qui circulait depuis plus d'une semaine. Dans une interview exclusive diffusée mercredi soir sur la télévision norvégienne, NRK, Mohammed Reza Heydari, chemise bleue et pull en laine, dit avoir quitté ses fonctions à cause de son désaccord avec la répression post-électorale. « Au cours des sept derniers mois, je me suis retrouvé face à un vrai dilemme personnel, en me demandant comment ceci pouvait arriver dans mon pays », dit-il en persan sous-titré en norvégien. « Que veut mon peuple ? Mes compatriotes ont saigné le jour de l'Ashoura (ndlr : le 27 décembre dernier), seulement parce qu'ils réclamaient la liberté et ce que l'Occident appelle la démocratie. Ma conscience ne me permet plus de voir ces images. C'est pourquoi j'ai décidé de démissionner afin que la population sache que je suis de son côté », ajoute-t-il.
D'abord relayée, il y a plus d'une semaine, par la même télévision norvégienne, l'information avait aussitôt été démentie par l'Ambassade iranienne. "Sa mission est terminée depuis un mois et son successeur est arrivé depuis deux semaines. Nous rejetons cette information", avait affirmé un représentant de la mission diplomatique. Cette semaine, le porte-parole du Ministère iranien des Affaires étrangères a également considéré ces informations comme étant infondées. Mais dans son interview, Mohammad Reza Heydari persiste et signe. « Je sais que j'ai fait le bon choix et j'ai désormais meilleure conscience », explique-t-il, en faisant également état de l'envoi récent, par Téhéran, d'un émissaire à Oslo, pour tenter de lui faire changer d'avis. Pendant l'entretien, promesse lui aurait même été faite de pouvoir rentrer, sans problème, en Iran à condition qu'il accepte de dénoncer ouvertement les rumeurs relatives à sa démission. « Ils m'ont promis de m'accueillir les bras ouverts », dit-il.
Contacté à Oslo, le Ministère norvégien des Affaires étrangères dit ne pas avoir encore reçu de notification officielle de l'Ambassade iranienne lui faisant part du départ de son diplomate. Pour l'heure, Mohammad Reza Heydari, qui se trouve toujours à Oslo, où il vit depuis trois ans avec sa femme et ses deux enfants, précise qu'il n'a pas demandé l'asile politique, et qu'il est en train d'y réfléchir. A ce jour, ses contacts avec les autorités locales sont limités à la police norvégienne, inquiète pour sa sécurité. « J'espère que dans d'autres villes à travers le monde, mes amis qui m'entendent et me connaissent feront le choix de bouger, eux aussi, dans la même direction que leur population », précise-t-il. Dans une autre interview accordée dernièrement à la chaîne américaine VOA en langue persane, Ali Akbar Omid Mehr, un ancien ambassadeur iranien - notamment en Afghanistan et au Pakistan - dit, lui, avoir eu vent d'autres démissions. D'après lui, quatre autres diplomates auraient rendu leur tablier : deux en Allemagne, un en Angleterre et un en France. Ces informations n'ont cependant pu être vérifiées.