Qu’il soit bon ou mauvais, ce deuxième essai des Vampire Weekend va se retrouver manger à toutes les sauces par la critique papier et Internet. Les jeunes garçons proclamés génie de la pop il y a deux ans ont du se pisser dessus en préparant ces nouvelles chansons. La pression qui pèse sur eux est idiote au possible, tout comme le buzz qui les entoure depuis le début. Je comprends qu’on ne supporte pas leurs gueules, la voix stridente et juvénile du chanteur ou leur musique qui brasse power pop et instruments africains en voulant avoir l’air « too cool for school ».
M’enfin leur premier album n’était pas aussi dégueulasse que ça. Un plaisir éphémère, ensoleillé et rafraichissant, qui faisait mouche un morceau sur deux. L’album d’un été, qui s’épuise un peu trop rapidement pour vraiment mériter son succès, qui ne révolutionne rien d’autre que votre après-midi paisible, en vous faisant sautiller gentiment. À force de les acclamer ou de les descendre, les Vampire Weekend se sont un peu emmêlés les pinceaux.
Et leur deuxième album, copie quasi conforme du premier, ne fera que conforter ceux qui détestent les new-yorkais, risque de décevoir leurs adorateurs. Ce n’est pas que c’est mauvais, c’est juste que c’est dur à digérer. Écœurant. La hype a, comme il fallait s’y attendre, ébloui le groupe et toute la sympathie que dégageait son prédécesseur patine ici dans la semoule. Il aurait fallu un peu renouveler la formule, les gars. Parce que là ça commence à suffire. Vous étiez adorables comme tout au début, mais dur de vous supporter ce coup-ci.
On sent un besoin de prouver qu’on est des grands, de faire le malin. Le son est plus dense, les instrumentations orientales sont doublés et utilisés à toutes les sauces. La voix piaille les mêmes gimmicks en boucle. Ce pourrait être touchant si les textes gardaient la même fraicheur adolescente. Parfois, ça fonctionne. Parfois, ce sont de petits tubes bien sentis, comme l’inaugural « Horchata » et son festival de percussions, comme « Diplomat’s Son » plein de candeur et entêtante. « Taxi Cab » est presque émouvante, une complainte électronique, foutraque à souhait, celle qu’on repasse le plus souvent. Mais le reste est sans saveur, bâclé et répétitif. Dommage, vraiment dommage.
Peut-être qu’en réécoutant « Contra » cet été, le tout me convaincra un peu plus. Mais pour l’instant, c’est un semi-échec, rattrapé de justesse par un excellent trio de chansons. La consommation de musique à coups de singles téléchargés aux quatre coins du net prend ici tout son sens, surtout quand un album peine autant à être intéressant sur la longueur. Pour savourer de nouveau les Vampire Weekend, il faudra donc sélectionner leurs bons morceaux, se les coller dans le MP3 et s’en contenter. Et je le redis, encore une fois, c’est dommage.
Les Vampire Weekend avaient toutes les cartes en main pour prouver qu’ils n’étaient pas qu’un jouet insipide et ils trouvent le moyen de se planter. C’est con, je les aimais bien, moi. Assez pour leur donner une nouvelle chance ? On verra ça lors du prochain, mais faudra pas pousser le bouchon trop loin non plus…
Ce n’est pas à jeter. C’est à picorer. C’est un divertissement qui sera, selon l’humeur, sympathique ou crispant. Et certainement beaucoup moins attachant que le premier album.