On a beaucoup commenté cette semaine l’enquête conduite par le CEVIPOF au sujet de la confiance accordée à diverses organisations et institutions. On a en fait surtout parlé d’un seul des résultats de cette longue enquête : 67% des personnes interrogées déclarent n’avoir confiance ni dans la droite ni dans la gauche pour gouverner ce pays.
Ce résultat, évidemment, est accablant et montre que le Parti Socialiste, et la gauche en général, ont encore un travail important à faire pour regagner la confiance. Cela dit, on en avait déjà l’intuition…
Mais il y a beaucoup d’autre résultats passionnants. Ainsi, 37% se sentent proches des partis de gauche (verts compris), contre 26% pour les partis de droite, et 12% pour le Modem et les partis écologistes indépendants.
Autre élément, la confiance envers les institutions ou organisations. Page 18, on constate que le CNRS est l’institution qui recueille le plus de confiance, soit 90%. Disons d’emblée que derrière le logo CNRS on pourrait mettre la recherche, puisque les autres institutions de recherche et d’enseignement supérieur ne sont pas citées. En queue de classement on trouve les médias et les partis politiques. On se rassurera en constant que les institutions et organisations publiques on un indice de confiance majoritaire, au contraire des organisations privées. Les attaques néo-libérales de décrédibilisation du secteur public ne prennent manifestement pas vraiment.
Une autre enquête apporte des éléments convergents. C’est celle qui a été publiée par le Nouvel Obs sur les métiers. Elle montre bien la place accordée aux chercheurs dans notre société. En tête pour le prestige (10 points devant les médecins), dans le trio de tête aussi pour l’utilité (juste derrière les médecins et infirmières), cette étude comme la précédente tord le cou aux idées reçues sur le scepticisme des Français vis-à-vis de la recherche.
Pourtant, cette confiance envers les chercheurs et leurs insitutions ne se traduit pas dans la politique de Sarkozy, qui renforce toujours plus son contrôle sur les chercheurs, refuse de créer les emplois scientifiques nécessaires à notre pays, et n’a de cesse que de déstabiliser les institutions, comme le CNRS qu’il tente de briser en morceaux.
Il casse ainsi la génération de ceux qui devraient être les chercheurs de demain, ceux qui exerceront ce métier dont on nous dit qu’il est prestigieux et digne de confiance.
Pour le PS, il faut retenir les leçons de ces enquêtes. D’abord, la crainte dans l’avenir est profonde : 70% des personnes interrogées dans la première enquête pensent que les jeunes d’aujourd’hui auront moins de
chances de réussir que leurs parents dans la société française de demain (p. 13). Et ils ont des motifs pour cela : crise économique, crise écologique, crise morale. Nous avons donc besoin d’une pensée rénovée pour construire une autre façon de produire, de vivre en société, de répartir les richesses. Pour cela, il faut de la recherche, il faut des chercheurs pour expliquer comment fonctionne le monde, pour créer les savoirs dont certains produiront des technologies nouvelles, pour élever l’Homme, tout simplement.
La recherche n’est plus la danseuse qu’elle a été il y a bien longtemps. La construction du savoir, et sa transmission, doivent aujourd’hui prendre leur place au coeur du projet politique socialiste, à la hauteur de l’importance que leur accordent les Français. Nos concitoyens nous envoient un signal fort en ce sens : saisissons-le.