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Le chevalier blanc et le dragon rouge, encore un mot sur Google et la Chine

Publié le 15 janvier 2010 par Sammy Fisher Jr

Il semblerait que tout ne soit pas si simple et que, dans cette histoire comme dans bien d'autres, généralisation et simplification soient les deux mamelles de l'erreur de jugement.

Tout d'abord, les positions relatives de Google et de Baidu sur le marché de la recherche chinoise se seraient rapprochées, selon StatCounter que relaie Ecrans : " Depuis le mois de juillet 2009, où il détenait 30% des parts de marché face aux 68% de Baidu, Google a connu une hausse impressionnante. Notre analyse suggère que, vu les performances récentes de Google, les parts de marché ne sont certainement pas la raison de leur menace de retrait en Chine."

Analyse qui me conduit, dans un deuxième temps, à remettre en cause une partie de mon raisonnement : Google a peut-être un peu plus à perdre que ce que j'imagine (et même si il était encore à 30% de part de marché, ce ne serait pas négligeable non plus), même si je ne suis pas le seul à penser qu'il cherche avant tout à redorer son blason auprès des occidentaux, et à renouer avec son image de chevalier blanc du web. L'article de ZDnet, relayé par Tristan Nitot, ne dit pas autre chose : " La firme joue donc probablement un gros coup de bluff : qui imaginerait que le gouvernement chinois autoriserait Google à sortir de sa politique de censure du web ? Qui croirait un instant que Google tournerait définitivement le dos à un marché de plus de 300 millions d'internautes, le plus grand marché au monde ?"

Et la Chine dans tout ça ? Officiellement, Pékin s'en moque. Officieusement, Pékin ne peut pas laisser Google partir. " Ce serait une claque terrible pour le pouvoir : toute sa politique internationale est justement fondée sur l'idée qu'il peut imposer ses propres règles", explique-t-il. En termes symboliques, la fermeture de Google.cn serait désastreuse, "d'autant plus qu'aux yeux des Chinois, Google, c'est le seigneur d'Internet, "le" grand moteur de recherche, même s'il reste moins utilisé que Baidu à l'échelle du pays". (via Le Monde, cité par T. Nitot)

Et le mot (provisoire) de la fin ? Je le laisse à Pierre Haski, le "monsieur Chine" de Rue89 :

Aujourd'hui, on approche d'une heure de vérité qui verrait la Chine devenir un vaste intranet, débarrassé des influences étrangères, et dans lequel tous les contenus provenant de l'étranger pourraient être approuvés (une " liste blanche " pourrait être créée, avec les sites étrangers autorisés). Cela laisserait les internautes chinois face à eux mêmes et à leurs censeurs.
[...]
Alors dans la course de vitesse entre " Big Comrade " et sa muraile électronique, et la créativité libertaire des internautes, le vainqueur ne sera pas nécessairement celui qui a le gros bâton. Décrié ailleurs comme une force hégémonique dangereuse, Google apparait désormais en Chine comme un facteur-clé de pluralisme et de liberté.


Parce que l'internet chinois, pour le moment, ça ressemble plutôt à ça :

Le chevalier blanc et le dragon rouge, encore un mot sur Google et la Chine

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