Peillon nous Chabot et Besson Le Pen !
Par nature, j’aime bien les coups de gueule et les fracas. Il y a donc dans l’esclandre de Vincent Peillon une attitude de mousquetaire, un geste de défi qui me plait bien. Reste que sur le fond, sa politique du fauteuil vide est triplement stérile.
En premier lieu, en laissant l’UMP et le Front National face à face, le Parti Socialiste disparaît d’un débat qui le concerne au premier chef, celui de l’identité et de la Nation. Non seulement ceci accrédite le fait qu’il n’y a plus d’opposition, mais cela valorise l’opposant qui demeure - en l’occurrence le FN, celui-là même dont on souhaitait dénoncer la légitimité. Au minimum, on lui abandonne du temps d’antenne.
En second lieu, en demandant la démission d’Arlette Chabot, Peillon est allé trop loin. Qui a légitimité pour interdire les « mauvais » débats ? Faudrait-il se rassurer si nos médias refusaient, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, d’organiser le duel démocratique, voire même s’ils prenaient le maquis contre le gouvernement élu ? Je crains que cela conforterait tous ceux qui caressent l’idée d’une ORTF bis aux ordres.
Il est au passage amusant de considérer comment le même individu – Besson pour ne pas le nommer – autrefois forcément recommandable parce que du coté de la lumière (donc de la Vérité) est devenu forcément le mal personnifié du fait de sa trahison. Pour le PS, le sarkozysme est une maladie vénérienne. Le simple fait de le frôler vous contamine. Ramener sur la tête d’un même homme à la fois les mânes de Dark Vador, de Judas et Doriot en même temps, ce n’est possible qu’en France, ce pays si démocratique.
Brute est P.S
Enfin, et bien que le téléspectateur se soit sans doute régalé de l’esclandre, le boycott de Peillon ressemble à s’y méprendre à un joli doigt d’honneur à l’égard du public. J’y détecterais même une forme d’arrogance insultante à l’égard des citoyens.
Se décommander à la dernière minute, tout cela n’est pas très poli, Bel Ami. D’autant que les raisons invoquées – l’indignité nationale – ne tiennent pas. Ne nous peillon pas de mots. La vérité est que Peillon voulait s’offrir un coup de pub et qu’entre un strapontin vers 22.30 et la une des journaux, il a rapidement fait le bon choix. Il est bien connu que ce n’est pas en ayant des idées (et encore moins des convictions) qu’on se fait élire ! Même les socialistes ne s’y trompent pas.
Face aux extrêmes en démocratie, toutes les solutions sont mauvaises. Leur refuser l’accès aux médias, c’est cautionner leur discours et alimenter le populisme. Refuser de débattre avec eux, c’est insulter leurs électeurs. Débattre avec eux, c’est accepter en apparence la légitimité de leurs thèses, qui mériterait pourtant qu’on se préoccupasse.
Que le P.S considère que le débat sur l’identité nationale soit une opération politicienne, c’est normal. Mais le considérer comme nul et non avenu à l’heure des minarets de la honte et des burqa de l’exclusion, c’est comme nier que le débat sur le réchauffement climatique a du sens. N’attendons pas qu’il soit trop tard.
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