Son nom ne dira sans doute pas grand chose, même aux amateurs de rugby. Et pourtant, c'est un monument du rugby qui s'est en allé. René Deleplace, 88 ans, ne fut pas un grand joueur. Il ne fut pas une figure de la Fédération française de rugby. Ironie du sport, il naquit à Calais, bien loin du "pays d'ovalie" qui fleurit quelques centaines de kilomètres plus au sud.
Et pourtant, le rugby moderne, s'il ne lui doit sans doute pas tout, lui est grandement redevable. Théoricien génial du jeu, il écrivit deux ouvrages de référence, au mitant des années 60 ("Le rugby") et à la fin des années 70 ("Rugby de mouvement, rugby total").
Ces livres créèrent un véritable choc dans le landernau du rugby Français et certains, plus avisés que d'autres (les Toulousains Robert Bru et Pierre Villepreux en particulier) surent profiter de l'aubaine pour transformer en profondeur l'approche technique et tactique de ce sport. Ce n'est pas un hasard si, désormais, le club rouge-et-noir fait aujourd'hui figure de modèle, car c'est dans ce club que les théories de René Deleplace trouvèrent un des terreaux les plus fertiles.
René Deleplace fit profiter son club d'Arras de sa science du jeu. Et les entrainements qui s'y pratiquèrent attirèrent des joueurs venus de toute la France, et même des Iles Britanniques.
Malheureusement pour le rugby français, les dirigeants de la FFR ne virent pas, ou ne voulurent pas voir, tout l'intérêt qu'il y avait à adopter les méthodes de René Deleplace. Retrospectivement, on peut nourrir quelques regrets.
On saluera donc un pionnier, qui aura su "découvrir" le rugby moderne avant tout le monde...
(Merci à Richard Escot de m'avoir fait découvrir cet homme incroyable et son parcours atypique dans l'ovalie hexagonale).