Crise économique, crise financière, crise sociale, crise politique, crise de civilisation. La dernière année de la première décennie du XXIe siècle constitue-t-elle le premier pas vers la prise conscience que l’espèce humaine est mortelle et qu’elle a tout mis en œuvre pour programmer son suicide ?
Certes ce n’est pas la première fois que cette crainte se manifeste. Les années de guerre froide avec la stratégie de la dissuasion nucléaire portaient cette peur. Mais aujourd’hui la nature de la menace est tout autre. La menace est inscrite dans l’ADN même du système capitaliste qui sous sa forme néolibérale et financière actuelle poursuit une course folle vers on ne sait quoi en détruisant les liens humains , l’environnement et les ressources indispensables à la survie de l’espèce humaine.
Cette prise de conscience reste cependant encore limitée. L’écologie politique est balbutiante et sous ce terme on retrouve aussi bien des projets illusoires d’aménagement d’un système mortifère que les premiers pas vers un monde meilleur. Qu’est-ce qui nous manque pour utiliser la formidable opportunité que constituent, paradoxalement, ces temps obscurs ? Probablement rien si ce n’est la capacité à sortir de notre traitement instantané et émotionnelle de l’actualité pour réfléchir et expérimenter. Le XXe siècle nous a légué le pire et le meilleur. Le pire avec la barbarie totalitaire et technologique, le meilleur avec les œuvres de penseurs et acteurs multiples qui nous permettent de porter des regards complémentaires sur ce siècle et, depuis ce siècle, sur le nôtre.
Deux pistes et trois lectures en conclusion provisoire. Sortir de la vision angélique et apolitique de la destruction de la nature pour se concentrer d’abord sur celle, beaucoup plus avancée, du monde dans lequel, selon la formule de Hannah Arendt, les êtres humains agissent et vivent ensemble. Abandonner l’idée de révolution pour celle plus fertile de métamorphose proposée par Edgar Morin. Trois lectures : La Condition humaine de Hannah Arendt[1] ; le dernier article publié dans Le Monde par Edgar Morin « Éloge de la métamorphose »[2] ; Regards sur la crise, recueil d’entretiens publié par France culture[3].
[1] Agora Pocket
[2] Le Monde du 9 janvier 2010
[3] Éditions Hermann
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