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UMP et PS : deux visions du web social politique

Publié le 15 janvier 2010 par Jflehelloco

Deux sites lancés presque en même temps : www.lescreateursdepossibles.com lancé par l’UMP et www.lacoopol.fr lancé par le PS.

Chacun a regardé le modèle par excellence qui a fait la première révolution politique du Web : Barack Obama et son Mybarackobama.com qui avait révolutionné la campagne américaine en fédérant des millions d’internautes.

La Coopol

C’est d’ailleurs ce modèle qui a a été recopié par le site du PS : La Coopol. En effet, ce site se veut être une plateforme offrant des outils de bureautique et de gestion aux responsables de sections du PS, leur permettant par la numérisation des échanges d’organiser et d’optimiser le travail militant et les actions de terrain. C’est également une sorte de « Facebook » pour les militants qui vont pouvoir se retrouver par section ou par affinités, créer des événements, échanger des idées, etc.

L’approche est intéressante car il est important que les militants puissent exister. C’est souvent difficile pour celui qui veut s’impliquer de pouvoir le faire. Trop souvent on attend des militants qu’ils tractent aux aurores devant l’entrée du RER ou aillent mettre dans les boites à lettres des documents, sans vraiment les écouter, sans leur demander leur avis que ce soit pour la rédaction des tracts, pour les choix politiques ou tout simplement pour le choix des candidats pour lesquels on va leur demander de militer ensuite sur le terrain… Ces sites communautaires sont donc l’avenir des militants 2.0 en référence au Web 2.0 qui est le web « participatif ». Avec internet, une liberté commence à naitre, une nouvelle habitude d’échange, qu’il sera difficile de brider.

Les créateurs du possible

Du côté de l’UMP l’approche est différente. Les créateurs de possibles est un espace où ce sont les citoyens qui posent les idées et ensuite chacun est libre de les supporter et de les commenter. Chacun peut donc se connecter, créer une initiative et ensuite voir si elle trouve des supporters.

Sorte de « think tank » pour la majorité mais également de veille des demandes du terrain, ce site est novateur et l’avenir dira si le choix a été le bon. L’UMP, par la voix de son secrétaire général Xavier Bertrand, reconnaît « prendre un risque ».

Les « possibles » peuvent être nationaux ou locaux, il se peut donc que certains s’en servent pour dire ce qui ne leur plait pas dans leur ville et qu’il veulent que ca change ! Du coup ce qui se passe localement sera vu et lu par tous les responsables de l’UMP, ce qui risque de faire blanchir quelques élus et également créer des groupes thématiques assez durs. D’autant que se connecter sur les créateurs du possible est simple et la censure n’est pas très présente puisque des initiatives comme mettre des statues de Nicolas Sarkozy partout en France ou faire élire Frédéric Lefevre à l’Académie Française y sont en ligne (je rectifie, elles étaient en ligne et n’y sont plus après la mise à jour du site ce matin).

Après un petit retour sur le site pendant que j’écris cet article (juste après une indisponibilité du site ce matin pour maintenance), j’ai tout de même l’impression que sur le site, certaines « initiatives » sont plus faciles à trouver que d’autres… il y a celles qu’on trouve dans le moteur de recherche et celles qu’on ne trouve qu’en cliquant sur la personne qui les a créées et en allant voir ce qu’elle a bien pu créer… Donc un petit « filtrage » existe, ou alors je suis un peu nul comme internaute et j’ai du mal à trouver… 

Pourtant « C’est un parti pris », expliquait Benoist Apparu (secrétaire d’Etat au logement et en charge du projet à l’UMP). « Nous avons fait le choix de l’ouverture, contrairement au PS dont le réseau est centré sur ses militants. Nous ne supprimons que ce qui est contraire à la loi : racisme, homophobie… Nous avons fait le pari que nous nous ferions taper dessus pendant deux à trois mois, mais qu’ensuite le réseau prendrait son essor et s’autorégulerait lui-même. ». Il faut croire que « Pour que Frédéric Lefebvre soit nommé à l’Académie française » est un propos raciste ou homophobe…

Je plaisante cependant avec ces « petites censures » car je suis bien placé pour savoir qu’on ne peut pas tout laisser sur un site, mais il ne faut peut-être pas mettre en avant qu’on laisse toutes les idées s’exprimer…  Il faudra effectivement un peu de tri dans toutes ces initiatives, mais surtout un système pour permettre de voir leur avancée, car si les internautes lancent un sujet, qu’ils sont nombreux à le supporter et que rien ne se passe, plus haut cela risque de faire de très nombreux mécontents !

Derrière ces sites, deux agences de conseils en communication. Côté PS : Benoit Thieurlin et son agence de politique web « Netscouade », qui a déjà travaillé sur les sites « Désirs d’avenir » (d’avant la polémique : en 2006-2007) et sur le site d’Europe écologie en 2009. Coté UMP, les conseils viennent de Christophe Lambert, de l’agence de marketing interactif « Isobar » (budget estimé 500 000 €). Ce sont donc des professionnels de la communication qui ont pris en compte les attentes militantes et les directives des partis, ce qui est plutôt rassurant car c’est un très gros travail de développement, et c’est vrai que les sites sont plutot jolis chacun dans leur style.

Que pense chaque camp du projet de l’autre ?

Benoît Thieulin, lui, ne croit pas que le site lancé par l’UMP puisse « prendre son essor » : « Objectivement, ce n’est pas vraiment un réseau social, il n’est pas construit autour des individus : il n’y a notamment pas de fil d’activité pour suivre ce que font les autres membres. Surtout, il est beaucoup plus simple de créer un réseau social autour d’une communauté existante que de lancer un site en espérant créer une communauté autour, comme le fait l’UMP. »

Pour Benoist Apparu , il existe tout de même une différence de taille entre les deux réseaux : « Pour nous, le site du PS est plutôt dans une logique « d’intranet », au sens où c’est un site conçu avant tout pour un usage interne au parti, pour les militants. Créateurs de possibles, en revanche, est sa propre marque, a son propre logo : c’est un site lancé par l’UMP, mais ce n’est pas le site de l’UMP. »

Le succès viendra de la stabilité de la communauté car on peut s’inscrire pour voir, mais ensuite il faut avoir envie de revenir et pour revenir il faut y trouver un intérêt. J’ai fait le test en m’inscrivant dans les deux sites. Inscription facile des deux côtés, avantage à l’UMP pour naviguer ensuite et voir les initiatives, même si, comme nous sommes au début, il y a peu d’initiatives créées… Pour le PS c’est plus étrange car il faut vraiment être du parti pour tout comprendre et j’ai encore peu d’amis sur le site. En revanche, quand on veut se reconnecter, avantage au PS, qui me reconnait plus simplement que le site Créateurs de possibles.

Je vais voir si je trouve quelques initiatives sympathiques à lancer et si elles seront suivies ! Je compte sur vous pour les soutenir !


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