La question de l'identité trouve tout naturellement sa place dans le registre d'analyse de Bauman. L'identité — individuelle, collective, communautaire, nationale — est elle aussi soumise, comme tout ce qui caractérise la vie humaine — l'emploi, l'amour ou le style vestimentaire — à la liquidité du monde, interdisant à l'individu d'échapper au changement permanent, de se priver d'une infinité de possibles en entrant dans la dépendance qui découle de tout choix.
Élaboré sous forme d'entretien avec Benedetto Vecchi, et tiré d'échanges par courrier électronique — ce qui ne manquera pas de faire sourire le lecteur lorsque Bauman critique les formes de communication virtuelles —, Identité ne permet pas de retrouver la force et l'originalité de ses ouvrages les plus aboutis comme La décadence des intellectuels (1987, traduit aux éditions Jacqueline Chambon, 2007) ou Modernité et holocauste (1989, traduit aux éditions La Fabrique en 2002). Le propos, entre Arendt et Baudrillard, égrène les différentes questions identitaires contemporaines, sans éviter de paraître parfois décousu. Identité n'en offre pas moins des pages toujours rafraîchissantes et, peut-être, une invitation pour certains à découvrir l'œuvre de Zygmunt Bauman.
Zygmunt Bauman, Identité, Paris, L'Herne, collection « Carnets anticapitalistes », janvier 2010 (traduit de l'anglais : Identity, Cambridge, Polity Press, 2004)
À lire : les premières pages sur le blog des éditions de l'Herne.
Crédits iconographiques : photo Olivier Roller / Fedephoto.