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Ellroy circus

Par Jeanyvessecheresse

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arton15403-2c4a8.jpgTout à la fois croyant et pratiquant en matière de polars, Claude Chabrol indiquait hier dans un entretien au Figaro son admiration sans borne pour James Ellroy qui livre cette semaine aux français, « Underwold USA », le troisième et dernier volet d’une trilogie entamée avec « American Tabloïd » et continuée avec « Death Trip ». Pas très loin de penser qu’Ellroy est l’un des monuments de la littérature de l’Amérique contemporaine, Chabrol prenait tout de même bien soin de nous préciser que le romancier de L.A était difficile à supporter « quand il se met à aboyer et à faire son cirque devant les médias ». Justement, toujours hier, c’était du côté de la concurrence, dans les cahiers livres de Libération, qu’il convenait de se tourner pour vérifier la judicieuse remarque de Claude Chabrol.

Interrogé par Sabrina Champenois on avait donc droit à une représentation du « Ellroy circus » sur trois colonnes bien serrées, un show littéraire de première bourre, autrement dit du grand Ellroy. Interpellé sur la promotion de son bouquin (« J’adore. Ça fait vendre des livres, et ce livre est génial »), le ricain n’hésitait pas à endosser le costume de rock star non sans préciser que l’affaire était importante « en termes de ventes, la France (étant) pour moi le pays le plus important » rappelant à l’occasion que c’était d’ailleurs un article de Jean-Patrick Manchette dans Libération, qui l’avait lancé. Après avoir examiné presque dans le détail sa dépression et ses conquêtes féminines, suite à une question de la journaliste persuadée que notre homme était un ermite militant, le ricain-réac répondait du tac-au-tac, « Non. J’ai une amoureuse, j’ai un réseau social, des amis, j’aime Dieu, je prie, je vais à l’église, j’ai deux ex-femmes, j’écoute de la musique classique, Beethoven… ». C’est en crescendo que se terminait l’interview. Barack Obama, « je ne sais pas, je n’ai pas suivi, et je me refuse à commenter l’actualité contemporaine », Michael Jackson, « violeur d’enfants, il est mort comme il a vécu, dans le sordide » non sans que l’immense Ellroy nous indique que son nouveau projet de quatre volumes concernerait Los Angeles pendant la deuxième guerre mondiale.

Je n’ai bien entendu pas encore fréquenté cet « Underworld USA » qui, de l’avis général de la critique n’est peut-être pas loin d’être le meilleur des trois bouquins de la série. A voir le cirque promotionnel du mauvais génie de l’Amérique on ne peut qu’en être persuadé. Après une passe difficile, l’inquiétant Ellroy nous revient en forme quasi-olympique, à la hauteur d’une réputation parfaitement justifiée.

  • > James Ellroy, « Underworld USA », Rivages-Noir, Traduction Jean-Paul Gratias, 24,50 euros.

Lyon, le 15 janvier 2010.


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