18 heure 45 : La journée a encore été intense. À l’émotion de ce que nos yeux nous transmettent depuis deux jours, s’ajoute ce que notre nez distingue. Les corps qui recouvrent les trottoirs font les frais d’une chaleur caribéenne et les camps de fortune créés ’naturellement’ un peu partout ont les services d’aisance que vous pouvez imaginer. La vie refait quand même surface, comme si les 32 coups d’état et les quelques centaines de cyclones qui sont passés sur l’île depuis 200 ans, avaient entraîné cette population à faire face à tout. À n’importe quoi. Les marchandes ont recommencé leur commerce dans certains secteurs de la ville. On a pu s’approvisionner auprès de nos marchandes préférées : Un gros melon d’eau et des citrons. Demain elles seront encore là, on aura le temps de se faire des provisions. Demain toutefois, il faudra que les secours se montrent plus visibles. Manque d’eau, d’essence et de nourriture vont bientôt se mélanger à l’émotion de la perte et la frustration de vivre dans la rue. Le genre de cockatil que les haïtiens n’ont pas besoin de gérer dans le contexte !