Il y' a peu de livres qui résonnent comme celui-ci à mes oreilles, tel un écho à ma réflexion actuelle sur la fin programmée de la retraite pas répartition. La déchéance de ce système magnifique "réformé pour être préservé" selon la phrase désormais coutumière depuis 2002 semble inéluctable. La gauche a déserté ce combat là pour on se sait trop quel nouveau mirage Elyséen. Les intellectuels de gauche, ils sont passé où? la nouvelle bataille de la retraite par réparttition, c'est maintenant messieurs. Alors on retrousse les manches et on va sur le ring, non pas batailler contre ce sous-libéralisme qu'est le capitalisme, mais affirmer et porter l'orgueil de nos convictions. Où sont passés nos référents symboliques, ceux vers qui l'on peut se tourner lorsque le navire tangue.
La retraite par répartition est non seulement une merveilleuse idée, mais c'est de plus une idée qui fonctionne très bien, puisque malgré l'érosion que l'idéologie libérale fait peser sur elle en permanence, elle résiste encore et toujours.
Je disais donc que c'est lisant le court extrait du livre de Nicolas Castel "La retraite des syndicats" qu'il m'a semblé entrevoir les raisons de notre mutisme actuel. Puisque la retraite par répartition est avant tout une idée républicaine et non pas partisane.
Je ne me fais aucuns noeuds au cerveaux pour la nouvelle "réforme" jambon-beurre de mai 2010: ma retraite va voler en éclat, moi qui ait eu le malheur de commencer à travailler à 25 ans à cause de mes études. Ceci-dit, les Français actifs partagent mon avis puisqu'ils sont 64 % à vouloir partir "le plus tôt possible". Nicolas Sarkozy, en garant de ce système, va encore maintenir la tête de "la retraite par répartition" sous la surface de l'eau. Cela ressemblerait à un supplice, que l'on ne s'y prendrait pas autrement.
Bref, je vous livre quelques extraits du livre avec sa présentation, c'est du matériel de première nécessité ces temps-ci:
Les retraites en France subissent depuis vingt ans des modifications appelées « réforme ».
Des voix se sont élevées devant cette régression sociale d’une ampleur encore sous-estimée mais elles n’ont pas eu d’écho, la réforme ne se laissant pas identifier facilement. Nicolas Castel, chercheur au Centre d’Études de l’Emploi, montre comment les grandes confédérations syndicales, se laissant enfermer dans l’argumentaire erroné et catastrophiste des experts et des politiques, ont été incapables de défendre notre système. Certes, la réforme a en partie échoué du fait du peu de succès des produits en capitalisation, mais elle est en passe de réussir son objectif premier : transformer la répartition. En mettant cette dernière au service de la prévoyance (comptes notionnels pour les uns) et de l’assistance (solidarité nationale pour les autres), elle rabat la figure du retraité sur l’image de l’inactif (pauvre ou prévoyant) pesant sur les actifs et réduit la retraite à un revenu différé d’une activité laborieuse ou à une assistance publique. Assumant le legs du passé, l’auteur montre au contraire que les retraites ont su incarner une autre conception : celle d’un salaire continué basé sur sa qualification venant bouleverser notre rapport au temps et au travail. Engageant l’ensemble des rapports sociaux, cette autre vision de la retraite peut contribuer à une salutaire réévaluation sociale et politique du salariat.
PS: nous allons perdre une bataille de plus au mois de Mai, mais tout est réversible.
Je vais donc le commander pour me munir de quelques cartouches nécessaires au combat nécessairement idéologique.