Auguste Rodin (1840-1917) est considéré comme le plus
grand sculpteur de la fin du XIXe siècle. Dans sa jeunesse il se rend fréquemment au Louvre pour copier les antiques et travaille au Muséum d'histoire naturelle où le sculpteur
Antoine-Louis Barye corrige ses premiers travaux, ce qui ne l’empêche pas d’être refusé à trois reprises au concours d'admission à l'École des beaux-arts. En 1875, il fait un séjour en Italie où
la confrontation avec les œuvres des artistes de la Renaissance, Donatello et Michel-Ange en particulier le marque
profondément. En 1880 il reçoit de l’Etat sa première grande commande, il s'agit d'une porte monumentale, destinée au futur musée des Arts décoratifs de Paris. Rodin tire le sujet de l'Enfer,
premier chapitre de la Divine Comédie de Dante, l'artiste y travaillera jusqu'à sa mort. Ces années sont difficiles
pour Rodin qui a du mal à se plier aux exigences de ses commanditaires notamment pour les « Bourgeois de Calais » commencés en 1884 et achevés onze ans plus tard. De même, la société
des gens de lettres refuse le modèle en plâtre de son monument à Balzac, le sculpteur a donné au romancier une forme massive dont l'aspect inachevé provoque le scandale. L'œuvre n’est fondue et
ne connaît le succès que vingt ans après la mort de Rodin. Il finit par recevoir les honneurs officiels dans les années 1890. En 1900, la présentation de ses cent soixante-huit plâtres,
bronzes et marbres lors de l'exposition universelle de Paris est un immense succès : les musées étrangers se pressent pour acheter ses œuvres et lui organiser des
expositions.
On ne peut dissocier Rodin de Camille Claudel (1864-1943), qui fut son élève, son modèle, son assistante et sa maîtresse. Son œuvre se concentre sur des portraits et des groupes de personnages, représentant le plus souvent des sujets allégoriques. Son portrait de Rodin est probablement sa sculpture la plus célèbre. Au cours de cette période, elle expose régulièrement et reçoit une importante commande d'État en 1895. Après sa séparation avec Rodin elle sombre dans une névrose obsessionnelle et détruit la plupart de ses œuvres. En 1913 sa mère la fait interner dans un hôpital psychiatrique où elle meurt trente ans plus tard. Longtemps ignorée du public l’œuvre de Camille Claudel est désormais mieux connue surtout depuis qu’un film, interprété par Isabelle Adjani, lui a été consacré en 1988.
À la veille de sa mort, Rodin fit don à l'État français de sa demeure située dans le 7e arrondissement de Paris, à l’origine un hôtel particulier
construit en 1728 pour un financier. Transformé en musée, il fut aménagé et ouvrit ses portes en 1919.
Outre les sculptures d’Auguste Rodin et Camille Claudel on y trouve les collections de Rodin, des pièces archéologiques, des tableaux dont un Renoir et un Van Gogh mais aussi des photographies.
Parmi les sculptures exposées, ces deux groupes de Camille Claudel, « les causeuses » et « la vague » en marbre et onyx sont le témoignage de la dextérité de l’artiste car l’onyx est un matériau fragile et difficile à travailler. Pour la petite histoire, « les Causeuses » furent inspirées à Camille Claudel par une scène de bavardage entre quatre femmes dans un compartiment de train. On retrouve dans ces groupes la source japonaise de son inspiration en particulier « la vague au large de Kanagawa » de Hosukai qu’elle vit lors de l’exposition universelle de 1889.
Camille
Claudel - les causeuses
Camille Claudel - la vague
De Rodin j’ai remarqué « le baiser » et son double en terre cuite « Paolo et Francesca ». Dans les jardins la « Porte de l’enfer » est un condensé de l’œuvre du maître, une multitude de figures se retrouvent autour du « Penseur » : Adam et Eve, la méditation, les trois ombres (que j’avais vues au « California Palace of the Legion of Honor » dont je vous parlais en janvier 2009
Le célébrissime « Penseur » est curieusement surélevé sur son socle, il est considéré comme un symbole d’espoir et de foi en l’homme. Pour finir les « Bourgeois de Calais» sont situés près d’un bassin. Ce groupe est inspiré d’un épisode de la guerre de cent ans. A l’issue d’un long siège six bourgeois allèrent porter les clefs de la ville en signe de reddition au roi Edouard III. Selon la chronique ils furent sauvés de la pendaison grâce à l’intervention de l’épouse roi Edouard III, la reine Philippa de Hainaut.
Rodin - le penseur
Rodin - les bourgeois de Calais