L’écologie, en politique, c’est vraiment une très chouette affaire : cela permet d’enrichir un petit paquet de gens sur le dos d’un grand nombre, de permettre à des investisseurs de devenir plus riches en piquant légalement dans la poche de gens modestes et en plus, ils applaudissent. Parfois, cependant, ça se voit…
Quand on ne comprend rien à l’économie de base, quand on appréhende de travers les motivations humaines, quand on fait n’importe quoi sur le plan légal et qu’on s’organise comme un manche, on a généralement de gros problèmes dans la vie. Ou on fait de la politique.
C’est donc grâce à de brillants politiciens que la législation fiscale aura permis, en France, à certains investisseurs au nez creux de récupérer une manne juteuse piquée dans la poche des clients d’EDF.
Le procédé est, finalement, fort simple.
Dans un premier temps, il faut, des larmes dans les yeux et des sanglots dans la voix, s’époumoner tristement sur le sort de la planète qu’elle se réchauffe trop et qu’on va tous mourir comme dans une poêle à frire.
Dans un second temps, on clame haut et fort qu’on a bien une solution, mais qu’elle passe par une prise de conscience massive qui concerne tout le monde – parce que Tous Ensemble On Peut Y Arriver : il faut changer nos habitudes. Concrètement, ça veut dire faire pipi sous la douche, utiliser son vélo plutôt que sa voiture (oui oui, M’ame Boujut, même pour faire les courses), et utiliser des énergies renouvelables.
Dans les énergies renouvelables, il y a l’hydro-électrique, bien sûr, mais c’est cracra-bwerk prout prout parce que ça modifie l’environnement avec ce gros lac de rétention et tout ça. On préfèrera donc le photovoltaïque ou l’éolien. Certes, l’éolien tue les chèvres, mais ce n’est pas grave, depuis que M. Séguin n’est plus, ça ne gène plus.
Quant au photovoltaïque, c’est très très simple.
Vous installez des panneaux sur un bâtiment neuf, et l’électricité que vous produisez, EDF vous la rachète pour 58 centimes du kWh.
Et comme le bâti n’a pas besoin d’être habitable, vous n’avez pas besoin de permis de construire et vous pouvez donc le mettre, par exemple, au milieu d’un champ ou au-dessus d’un parking, et par ici la bonne soupe : c’est une méthode comme une autre pour non seulement payer mais en plus rentabiliser vos constructions.
Tant et si bien qu’en 2009, les demandes de contrats pour un rachat d’électricité par EDF s’empilaient au rythme de 5000 par mois.
Tout calcul fait, la Commission de Régulation de l’Energie – un de ces bidules étatiques dont notre pays garde jalousement le secret – s’est rendu compte que ces petites constructions réalisées exclusivement pour encaisser des plus-values électriques amèneraient lentement EDF à débourser 56 milliards d’euros sur 20 ans, soit 2,8 milliards d’euros par an.
Ce qui revenait à augmenter la facture des abonnés EDF de … 10%.
Autrement dit : des investisseurs malins utilisent les biais introduits dans le marché de l’électricité par des politiciens complètement à l’ouest, et récupèrent ainsi directement auprès des clients EDF, bonnes poires, une somme colossale (presque 3 milliards d’euros), le tout en toute légalité.
Evidemment, l’effet d’aubaine n’a pas duré : voilà que l’état décide d’intervenir pour corriger une correction qu’ils ont introduite en modifiant ses tarifs. Et là, c’est la ruée : installons vite nos panneaux avant que les tarifs changent. De 5000 dossiers par mois, on bondit joyeusement à 3000 … par jour.
Je vous l’avais bien dit : l’écologie, c’est supayr. Rappelons que les prix EDF au particulier sont inférieurs à 12 centimes du kWh, ce qui fait un rapport supérieur à 4 pour l’électricité solaire.
Acheter à 50 et revendre à 12, c’est comme ça qu’on envisage les affaires, en France, lorsqu’elles sont dirigées par les politiques.
Devant la véritable bousculade, l’état tente tant bien que mal de calmer le jeu. Lisez, vous allez voir, c’est limpide :
le tarif de 58 centimes/kWh, présenté comme « le plus élevé au monde », est désormais réservé aux « bâtiments existants » d’habitation, d’enseignement ou de santé, et bénéficiant d’une conception architecturale et esthétique particulière. Pour les autres bâtiments existants (bureaux, industries, commerces, bâtiments agricoles), le tarif est fixé à 50 centimes/ kWh. Enfin, pour les bâtiments qui ne peuvent bénéficier de ces deux premiers tarifs, un tarif avec « intégration simplifiée au bâti » est créé à 42 centimes/kWh. Les panneaux solaires installés à même le sol pourront toujours bénéficier du tarif de 31,4 centimes/kWh. Ce tarif montera à 37,7 centimes pour les régions les moins ensoleillées, afin de permettre « une meilleure répartition des centrales solaires sur le territoire national ».
Au passage, on appréciera tout particulièrement l’égalitarisme poussé jusqu’au bout, qui permet une compensation financière pour les contrées où le soleil est moins généreux, en surpayant le kWh ; le soleil du Nord est plus coûteux que celui du Sud, que voulez-vous, c’est comme ça, faut compter le prix de l’import je suppose et des tarifs douanier lorsqu’il remonte par Lyon. Non ?
Au final, l’incitation à vouloir à tout prix faire des énergies alternative se traduit très simplement par une augmentation logique et inéluctable du tarif électrique pour tout le monde, ce qui pèse surtout sur les familles les plus modestes. Par cet extraordinaire jeu de dupes, on aura donc réussi à détruire de la valeur sur l’autel du verdisme, à appauvrir les plus pauvres, à enrichir les plus malins, et à n’absolument rien changer en terme de lutte contre un réchauffement anthropique de plus en plus bidon.
Si l’on tient compte qu’en plus, la France est l’un des pays les moins polluants compte-tenu de son parc nucléaire et hydro-électrique, on se demande exactement quelle mouche schizophrène a piqué les politiciens emborloosés de l’Hexagone.
…
L’affaire ne s’arrête cependant pas là.
Nous sommes en France, que diable, et s’il n’y avait pas un petit lobby, un syndicat joufflu ou un politicien plus ou moins véreux dans l’affaire, on croirait à une blague.
Et voilà donc la FNSEA qui s’en mêle : « scrognogno, dit-elle en substance, vous ne devez pas changer vos tarifs, c’est beaucoup moins intéressant, enfin ».
La FNSEA « n’est pas du tout contente de l’arrêté pris par le gouvernement : on pourrait être payé 50 centimes sur un bâtiment existant mais si je construis un nouveau bâtiment le prix descend à 42 centimes. C’est anti-incitatif pour les jeunes »
Ici, évidemment, les exégètes de Bastiat, et de sa parabole de la vitre brisée, en lisant pareille réaction, entreprennent généralement de se mordiller longuement une couille ou deux en se cognant la tête contre une table – jolie performance, au passage. Ils sont souples, les exégètes, mais ils ont raison : ce qu’on voit, c’est tous les malheureux jeunes qui vont devoir piquer moins de sous dans les poches des clients EDF et qui donc devront faire attention à leurs dépenses et ne plus bâtir n’importe quoi juste pour du photovoltaïque.
Ce qu’on ne voit pas, c’est que cet argent sous-tiré sans trop de douleur aux abonnés de l’électricien national ne pourra donc plus servir à autre chose. Acheter des godasses (ou des voitures Renault, pour rire), par exemple…
Avec de bonnes idées comme ça, pas de doute : ce pays est foutu.