Une chronique de TWIN
Mes attentes n'étaient pas bien hautes et j'ai quand même réussi à être un poil déçu,
malgré un certain nombre d'aspects franchement enthousiasmants.
J'ai beaucoup apprécié les ambiances de fin du monde que distille le film ; la parabole psychotique d'un terrorisme virtuel étant plutôt adroitement amenée et la gestion
des conséquences chaotiques vraiment efficace sur un simple plan visuel. Il faut avouer que Len Wiseman a une sacrée bonne équipe de techniciens à son chevet et que le dernier acte
étourdissant de sauvagerie du mauvais trouve ici un terrain de jeu à sa hauteur. Ajoutons à cela du grain, des contrastes brûlés, des couleurs
désaturées et une caméra type reportage de guerre qui cadre au plus près des corps au point d'en étouffer les espaces, et l'effet est extra.
Ca ne sauve quand même pas un scénario feignant (dont la structure narrative et la logique des rebondissements sont en grande partie repris de... Die Hard 3) et hyper linéaire, qui applique à la lettre la vision comportementaliste du cinéma d'action : du spectaculaire
toutes les sept minutes pour éviter de perdre l'attention des spectateurs. Et de l'action, il y en a à foison ! Peut-être même trop, car ce cinéma très sensitif et viscéral a souvent tendance à
se répéter, quitte à friser la monotonie, et à quitter les frontières du crédible et du vraisemblable pour celles, plus hypocrites, du risible.
Les codes évidents de la franchise sont bien présents, depuis les motifs musicaux repris par un Marco Beltrami dont la partition globale est plutôt très pénible,
jusqu'au caractère du personnage principal, désabusé et qui semble en dehors de tout. Malheureusement, reprendre les tics de McClane sans chercher à le développer plus que cela le change
surtout en une grosse caricature de lui-même, armé de dialogues stupides qui font se demander si les claques True
Lies et Last Action Hero ont un jour servi à quelque chose.
Bah, je sonne peut-être très sévère... Die Hard 4 est un film fort et bien mené, pas ennuyeux et même plaisant à regarder, mais, à l'heure de Jack Bauer, il
n'apporte rien d'autre que des explosions et des cascades très spectaculaires dans un cinéma de l'image surenchérie sans réelle motivation picturale. On est loin de la grande cinématographie des
deux films de John McTiernan, et John McClane ne me semble exploité que comme l'ombre stéréotypée de son propre personnage, le fantôme d'un autre temps.