Souvenez-vous, il n'y a pas tout à fait un an, nous étions avertis : alerte rouge générale à la population, épidémie mondiale
dramatique ; la fin du monde était presque annoncée, il n'y avait plus que ça de grave dans notre monde, loin devant le choléra, le sida, la malaria ou le paludisme ; oui, il y avait encore plus
grave que ça... une grippe ! celle-là se nommait grippe A, ou H1N1. Les messages d'alerte sont alors diffusés en boucle à la télé et à la radio : portez des masques et
javellisez-vous les mains, l'ennemi est là ! Les cerveaux étaient bien conditionnés, on pouvait alors passer à l'étape suivante de l'offensive : les vaccins. Arme fatale à laquelle l'ennemi
n'allait pas résister. On était en état de guerre. Pire que l'Afghanistan. Pire que ce qui se passe en Iran : la grippe. Mais aujourd'hui, on se rend compte que la riposte a
été "un tout petit peu" disproportionnée par rapport à la dangerosité de l'attaquant, qui n'était au final qu'une petite grippette. Résultat : une commande de 50 millions de doses de vaccins
est résiliée, et des millions de boîtes de Tamiflu sont stockées et ne servent à rien. Mais comme on est généreux, on va refiler une partie de notre surplus de vaccins et de médocs aux pays
en développement ; ça c'est de la solidarité : ils continuent à mourir par millions du sida et de la malaria (entre autres), mais au moins ils n'auront pas la grippe !
Et, comme par hasard, sitôt la commande de vaccins résiliée, que nous annonce-t-on ? : y'a plus de grippe A en France ; d'un coup de baguette magique, hop, le virus a
disparu. Trois p'tits tours et puis s'en va... C'était bien la peine de faire tout ce patakès, de dépenser ces milliards d'euros, pour ... rien. Moi je l'attendais de pied ferme ce virus, je
me suis bien préparée psychologiquement : cet hiver, c'est sûr, j'allais attraper la grippe, elle qui était tellement contagieuse, je n'allais pas y échapper... Et puis, et puis
... et puis rien. Même pas un rhume. Dans ma famille non plus, personne n'a eu droit à son petit virus, tout le monde est resté en pleine forme. Trop de mauvaise volonté, sûrement...
Bon, il n'y a plus de virus, mais allez quand même vous faire vacciner chez votre docteur, il faut bien écouler les doses qui nous restent et qui ont été payées.... On se demande bien pourquoi
notre ministre retourne sa veste concernant la vaccination par les généralistes, et pourquoi les vaccins ne passent pas par le circuit classique de la pharmacie, comme tous les autres vaccins et
médicaments, mais on n'est plus à ça près. Il faut juste se débarasser des doses qu'il nous reste, et ça en sera terminé de la grippe A. Comme le SRAS et comme l'hépatite B : je viens,
je fais peur, je me casse et on m'oublie...
Mais pour l'heure, on attend déjà avec impatience les prochains épisodes de la série "Virus fais-moi peur"...