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Les paradoxes de la question de l'identité nationale (5)

Publié le 14 janvier 2010 par Hermas
5.- Une question probablement sourde à des réponses essentielles Pourquoi, au fond, cette société a-t-elle besoin de se psychanaliser, si ce n'est pour tenter de soigner un mal-être ? De l'extérieur, elle est frappée par une mondialisation qui la déracine, et à laquelle elle se soumet pourtant comme à une loi d'airain, épousant même avec allégresse ses langages et ses moeurs. A l'intérieur, et depuis plus longtemps, elle est érodée par le travail de l'anti-culture. Celle-ci a atteint sa mémoire, sa foi, ses familles, son sens de Dieu, du bien, de l'homme et du monde. Son sens commun même. Elle ne sait plus où elle en est. Elle ne croit plus en rien, d'ailleurs, apparemment du moins, et ne semble rien attendre. Elle mange, travaille, légifère et jouit mais sans plus trop savoir pourquoi, en tournant en rond. Il est sain qu'elle s'interroge sur elle-même. La question de l’identité nationale se pose légitimement pour une autre raison : parce qu'elle est rendue problématique par l’afflux massif, en plein hiver démographique, de populations étrangères qui ne la partagent pas. Phénomène nouveau en notre histoire, depuis les invasions barbares, ces populations importent avec elles des valeurs, des traditions, des pratiques ou des visions du monde qui entrent parfois en contradiction profonde avec celles sur lesquelles, en dépit des révolutions successives, repose notre société. Le “choc des cultures”, le métissage à haute dose [« ces temps du métissage bienvenu », comme dit M. Borloo], que la police de la pensée fait obligation de considérer comme un bienfait sans ombre, éveillent l'inquiétude, chez certains du moins, que ce qui reste de notre identité puisse ne pas y résister. A tout le moins, ces circonstances nous imposent de réfléchir à ce que nous sommes encore, à ce que nous pouvons offrir, et à ce que nous pouvons ou non intégrer. A ces constats, une interrogation impertinente surgit cependant : à supposer que cette société soit en mesure d'apporter réponse à la question qui lui est posée, ses instances dirigeantes sont-elles prêtes à prendre le risque de la recevoir, dût cette réponse leur manifester qu'ils tracent une fausse route collective ? Seraient-ils prêts à l'entendre si elle met en cause, non pas seulement l'immigration, qui est déjà un problème massif, mais aussi l'idéologie dominante, la politique culturelle, la politique économique, la politique familiale, l’appréhension officielle de notre histoire et les orientations données à notre avenir ? Rien n'est moins sûr. Le sort récemment réservé par la presse et les politiciens à plusieurs consultations démocratiques au sujet de l'intégration européenne n’est pas fait pour rendre probable une réponse affirmative. En bien des domaines, d'ailleurs, il nous est enjoint de croire que le destin des hommes est commandé non par le libre choix des peuples ou des gouvernants mais par un fatum qui les lierait tous, voire les traînerait inexorablement au char d'un Progrès, dont la vitesse serait toujours accélérée. On ne revient paraît-il pas sur les “acquis”. On ne contrarie pas l'évolution des moeurs et des mentalités, dont le droit lui-même est à la remorque. La mondialisation est supposée irréversible, comme l'engagement de la France dans la communauté européenne, les nouveaux "modèles" de familles ou de couples, comme tant d'autres processus sociaux. Tel est ce nouveau paradoxe : celui d'une question d'identité nationale qui n'est peut-être pas posée pour qu'il y soit utilement répondu, si ce n'est sur des points périphériques, comme sur le port de la burka et autres choses du genre. Une question sans sens, en cela qu'elle ne déboucherait au fond sur rien puisque les réponses qui la justifient le plus sont celles qui ont le moins de chance d'être jugées "raisonnables". Cette question est-elle dès lors autre chose qu'un leurre, qui abuse même peut-être ceux qui la posent - aveugles conduisant d'autres aveugles ? Est-elle autre chose qu'une simple mesure de sextant dans la dérive, au flux de politiques qui se bornent à gérer, par habitude et lâcheté, depuis tant d’années, l’accompagnement de déclins toujours plus accusés et toujours moins réversibles ?

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