Précisément parce que celui/celle qui
s'accroche à moi pour ne pas sombrer dans ses vertiges intérieurs, quand bien même le wagon ne bouche pas
se bouche les oreilles et ferme les yeux pour hurler des on va tous crever, on va tous crever, on va tous crever ! au moindre fracas sur la voie
déverse à voix haute et par téléphone l'intégralité de sa vie sexuelle de ces six derniers mois en utilisant à plusieurs reprises le qualificatif pathétique
fredonne puis chante puis danse sur son siège, malgré wagon bourré-comprimé, son MP3 branché ouvert pour que tout le monde en profite
déverse à voix haute et par téléphone l'intégralité de son agenda professionnel pour la semaine à venir en utilisant à plusieurs reprises le qualificatif overbooké
s'enfonce à l'intérieur de sa capuche douteuse pour y mâcher la boucle de son sac plastique
déborde sur moi de tous ses bourrelets et ses spasmes durant son paisible sommeil
encourage à voix haute Elie Domota et toute l'équipe de football du Cameroun 1990 avant de s'enfoncer dans son cou
ronfle sa bière sur mes genoux quasi
prend une opération marketing pour une « mission » sur son petit calepin ouvert
lit par dessus mon épaule durant mes prises de notes sauvages
se frotte lentement la main sous la poche de jean pendant que les corps tout devant se succèdent
hurle des bouge tes yeux ! à qui ose axer son regard sur sa paire de cuisses débordée
bave durant sommeil et malheureusement tâche sa belle chemise
choisit toujours la place voisine de la mienne pour s'asseoir dans le RER, je finis par m'imaginer que tous ces corps que je côtoie sans le vouloir sont des monstres en puissance. Ou des monstres tout court.