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La poésie du tableau excel

Publié le 13 janvier 2010 par Francisbf

Un bon écriveur de notes de blog se doit d'écrire sur ce qu'il connaît le mieux : c'est pourquoi le sujet dont nous discuterons aujourd'hui est la poésie du tableau excel.

Le tableau excel, fût-il utilisé sous open office comme il se doit, et donc inapte à l'appellation de tableau excel, n'en reste pas moins en effet à la base de données ce que l'alexandrin est au sonnet.

Et c'est bien là tout ce que je pourrais vous dire sur le sujet, ce qui est bien dommage parce que je trouvais le titre plutôt accrocheur et potentiellement intéressant si j'avais été le moins du monde capable d'en tirer quelque chose.

Malheureusement, je suis assez hermétique à la poésie que peut dégager quoi que ce soit qui ait à voir avec le travail d'une part, et le contenu des entrailles d'un tas de poiscailles d'autre part. Mélangez-les, et paf ! Ça fait une bouillasse indigeste (quoique digérée) qui ne peut que rebuter l'amateur de belles choses que je suis, car amateur de belles choses je suis, quoiqu'en disent ceux qui me reprochent de préférer les brochettes-frites au riz au mafé (qui change quand même un peu du riz au poisson ou à la viande, même si essentiellement, c'est du riz à la viande).

Ceci dit, travailler sur un bon gros tableau excel, si ça n'exalte pas de tendances lyriques chez votre dévoué (c'est moi le dévoué, il faut l'être pour écrire sur les tableaux excel), ça a un autre aspect plus agréable : c'est hypnotique.

On commence en essayant de réfléchir, on passe une heure ou deux à se gratter les pellicules en essayant de comprendre comment trier sur plus de trois colonnes avec open office (pour ceux que ça intéresse, on concatène des colonnes sur lesquelles on trie, puis on trie dessus), puis on essaye de comprendre un peu ce qu'il faut faire, puis on regarde comment est fichu le tableau, on fait rhoooo purée mais qu'est-ce qu'ils m'ont fait ces cochons, on va faire pipi pour oublier, puis au bout de deux heures on se retrouve sans trop savoir comment les yeux dans le vide de l'écran, on fait ronronner la molette de la souris comme un vibromasseur pour copier une formule, puis dans l'autre sens pour vérifier, on grave son empreinte auriculaire gauche sur la touche Ctrl et celles de l'index sur c et v, on bave un peu par et on met du rouge partout sur le tableau pour bien montrer qu'on a travaillé dur pour dire que la saisie des données était parfois un peu pourrie, puis on crie fort haaaaaaaaaaaaaaaaa et on jette l'ordinateur par la fenêtre, puis on se rend compte qu'on n'a fait que penser les deux dernières étapes, et que pendant ce temps on est descendus de 2000 lignes, du coup on se dit youpi, c'est l'heure de rentrer à la maison !

Et de bonheur on ferme les yeux, et des cellules apparaissent sous les paupières, et commencent à défiler en ne voulant rien dire, et on rouvre les yeux en jurant dans sa barbe, et on rentre à la maison en parlant de Linux au chauffeur, et on va finir le tableau qu'on s'était envoyé avant de partir sur une vague gougueulienne, et jouir de l'exaltation d'avoir un ordinateur qui va vite, et ne demande pas cinq minutes pour sauvegarder un tableau comme celui du bureau, ce qui a malgré tout l'avantage de permettre de traîner cinq minutes sur internet pour se vider la tête et avoir l'impression d'être plus efficace en s'y remettant alors que c'est totalement illusoire, car la vie est illusoire et le sentiment de n'avoir rien laissé passer lors de la revue d'un tableau excel est encore pire que la vie du point de vue de l'illusoirité, et on s'en rend bien compte en reprenant ses 15000 lignes pour vérifier et constater qu'on s'est planté là, et là, et encore là et là, et qu'en fait tout ça, là, c'était pas faux, c'est juste qu'on avait oublié d'afficher les décimales, du coup il faut recommencer avec le coeur lourd comme les longues années d'études qu'on a endurées pour être capable de vérifier des tableaux excel, et non cher patron si vous passez ce n'est pas de l'aigritude, j'aime bien le vide de l'esprit que ça permet d'atteindre, en fin de journée, le nirvana n'est pas loin.

En fait, il n'est qu'à 1000mg de paracétamol et un bon lit.

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