J’étais avec mon amie Fatima, épouse d’Adib Abou Rahmah, dans la foule des familles attendant à l’extérieur des portes de la base dans l’espoir d’être admis. Le mari de Fatima est un autre militant non violent de Bil’in, qui est, comme mon mari, accusé de provocation, c’est à dire d’être un instigateur des manifestations contre le Mur. Adib et Fatima ont neuf enfants. Il est en détention depuis maintenant neuf mois.
Des diplomates américains, allemands, suédois et espagnols connaissant Abdallah sont également venus lui apporter leur appui. Il y a juste un mois, ces diplomates ont rendu visite à Abdallah à Bil’in et ont pu constater par eux-mêmes comment les colonies israéliennes et le Mur d’Apartheid ont permis le vol de 50% des terres de notre village. Ils avaient promis alors de faire ce qu’ils pourraient pour aider notre lutte populaire, et ils étaient là, fidèles à leur parole. Le Consul espagnol, qui représente le nouveau président de l’Union européenne, a essayé de serrer la main d’Abdallah mais les soldats ne l’ont pas laissé faire.
Nous avons passé l’essentiel de la journée à attendre. Enfin, quand nous avons été autorisés à pénétrer dans la pièce qu’ils appellent « Cour militaire », mon mari a été amené par les soldats ligoté avec des chaines aux bras et aux jambes. Nous avons pas été autorisés à nous parler, mais il m’a dit par le regard tout ce que j’avais besoin de savoir. En rentrant à la maison j’ai bien dormi, sans être éveillée par une terreur angoissante, pour la première fois depuis que mon mari a été emmené de son domicile le 10 décembre. Abdallah a visiblement perdu du poids mais ses yeux sont restés rieurs lorsqu’il m’a regardée.
Abdallah est un instituteur et un agriculteur de Bil’in, notre village de Cisjordanie occupée. C’est aussi le coordinateur du comité populaire de notre village contre le Mur et la colonisation.
Source Bil'in Village
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