Critiquer une oeuvre de l'imaginaire

Par Lesignet

'Avatar ? Un remake space-opera de Pocahontas !', 'Harry Potter ? L'éternelle histoire des bons contre les méchants, avec des baguettes magiques...', 'Twilight ? Un roman à l'eau de rose pour ados en pleine puberté, déguisé en histoire de vampire.'... Qui n'a pas entendu de telles critiques dans la bouche de critiques de cinéma, professeurs ou lecteurs ? Dans le bus, sur la toile, à la machine à café du bureau... les critiques se déchaînent. Si sur certains points ils font mouche, leurs critères de jugement sont-ils pour autant pertinents ?


Souvent considéré comme un genre léger ou de second ordre, l'imaginaire fait l'objet de critiques portant en général presque uniquement sur la qualité de ses intrigues. Beaucoup d'œuvre de l'imaginaire et, en particulier de la fantasy et la S-F sont ainsi taxées de clichés et accusées de diffuser des visions manichéennes (l'éternel combat du bien contre le mal...). Sans autre forme de procès, on les classe spontanément parmi les œuvres mineures et on réserve l'honneur de figurer au rang de la littérature sérieuse aux ouvrages plus proches de la réalité, telle que nous la connaissons.

Pourtant, je remarque que les critiques négligent souvent d'intégrer dans leur évaluation une caractéristique propre au genre pourtant essentielle à son appréciation : la crédibilité de l'univers ou du monde inventé. Car c'est bien là la condition première du succès d'une telle œuvre : sa capacité à transporter le lecteur (ou spectateur) dans un univers qui n'est pas le sien. Un tel pari n'est possible qu'à condition que la logique de l'auteur tienne la route et qu'on puisse croire, l'espace de quelques heures, en l'existence du monde qu'il décrit.

Si J.K. Rowling n'avait pas créé une véritable société de sorciers autour d'Harry Potter avec son histoire et ses mœurs, si Stephenie Meyer n'avait pas imaginé qu'un vampire puisse avoir un sens moral et développé sa vision du raisonnement de cette espèce à part, si James Cameron n'avait pas doté Pandora d'un principe de fonctionnement en réseau, il est fort à parier que ces univers n'auraient pas transporté les foules. Ça n'en fait peut-être pas des chefs d'œuvre, mais ça vaut la peine de le souligner.

Je pense donc, en ce qui me concerne, qu'une œuvre de l'imaginaire doit être jugée sur 2 plans : celui de l'intrigue elle-même et celui du décor. Et j'enrage de voir que ce second aspect est souvent totalement ignoré par les critiques et les médias en général. Je profite donc de ce blog pour proclamer mon avis sur la question ! :-)

Et vous, qu'en pensez-vous ?