Le croque-notes de François Simon – Senderens ne fait pas brasserie.
“Lorsqu’ils se mettent à parler, les chefs en disent toujours trop. Ils sont comme tout le monde : un mot de plus, cela ne fait de mal à personne… Lorsqu’il renonça spectaculairement à ses trois étoiles, le 24 mai 2005, Alain Senderens, 70 ans aujourd’hui, se libéra alors de ce boulet d’or, et annonça qu’à la rentrée il ferait tout autre chose. Une brasserie (de luxe). Le mot fit vaciller d’effroi les ordres de la gastronomie. La brasserie ? Pouah ? Ce style de restaurant, il est vrai, cahote depuis belle lurette. Le jour où une poignée d’énarques ont voulu rentabiliser ce monde si vivant, le genre s’est effrité et, aujourd’hui encore, on ne sait plus si c’est du traiteur amélioré, de l’agroalimentaire, du lard ou du cochon. C’est drôlement dommage. Car la brasserie, comme l’Alcazar (62, rue Mazarine, 75006 Paris; 01 53 10 19 99), nous enchante avec sa gaieté, son allant, sa vie turbinée par les portes à tambour.”
Paru le 11.01.2010 dans le Figaro.