Arcade Fire - Funeral (Rough Trade, 2004)
Je hais les disques générationnels. Dès le premier titre on sait que ça va plaire à toute une bande de zobs qui sans l'assumer kiffent U2 et Queen. Arcade Fire vulgarise la grammaire post-rock de Constellation pour en faire une épuisante pop fm à tendance emo. Quand je pense qu'au même moment sortait You Forgot It in People de Broken Social Scene, ça me fait mal au cul.
Mastodon - Leviathan (Relapse Records, 2004)
Le monstre extrême de la décennie ? Non, juste du Bayrou Metal pour kids attardés. Fade, indécis et consensuel.
Animal Collective : Strawberry Jam (Domino, 2007)
Il m'a fallu longtemps pour admettre qu'effectivement, Animal Collective pouvait être un grand groupe. Il m'a fallu attendre Merriweather Post Pavillion, en gros. Mais là où je resterai inflexible, c'est concernant Person Pitch et surtout Strawberry Jam. À l'époque pas une voix dissidente, pas le début d'une critique pour un album pourtant pas loin d'être inaudible. Criard, fûmeux, Strawberry Jam représente le pire du freak folk faussement intello, qui se cache derrière un nuage d'effets bizarres pour qu'on ne se rende pas compte qu'il y a quoi, deux-trois chansons qui sont bien écrites là-dedans. Et puis crevons l'abcès pour de bon, les Animal Collective n'ont vraiment pas inventé la poudre, pour le côté révolutionnaire on repassera : il suffit d'écouter ou réécouter les premiers Mercury Rev pour saisir l'ampleur du malentendu.
M83 - Before The Dawn Heals Us (Goom, 2005)
Jean-Michel Jarre, à côté, c'est de la musique de chambre. M83 joue du synthé comme Laurence Buccolini fait du trapèze. Avec beaucoup d'insouciance mais sans souplesse.
Portishead - Third (Island, 2008)
Third, troisième roulade dans le pathos pour le groupe de Beth Gibbons. Et dire qu'on crie au génie parce qu'en dix ans, ils ont ajouté deux trois broutilles indus à leur arc. Bon disque nostalgique, admettons, mais proposition artistique honteusement sur-évaluée.
Of Montreal - Hissing Fauna, Are You the Destroyer? (Polyvinyl, 2006)
Les nouveaux Beach Boys ? Mon dieu, je m'évanouis à chaque fois que je lis ça. D'ailleurs, depuis la sortie de cette horreur, on me prend pour un narcoleptique. L'enrobage synthétique de ce disque et sa frénésie rock sont parmi mes plus mauvais souvenirs de la décennie.
Boards of Canada - Geogaddi (Warp, 2002)
On peut inventer la roue et pas savoir quoi en faire d'intelligent : des monocycles, des hula hoop, des boîtes à camembert etc. C'est le cas typique de Boards Of Canada, pionnier sur la façon de faire sonner l'electronica, mais dépassé par tous ses suiveurs dès lors qu'il s'agit de faire un bon album.
Sufjan Stevens - Illinoise (Asthmatic Kitty, 2005)
L'imposture de la décennie, haut-la-main. Sufjan Stevens a une belle voix, a écrit deux très belles chansons – Concerning the UFO... et John Wayne Gacy, Jr – mais c'est globalement tout. Ce type-là à une incapacité pathologique à être mesuré, concis et juste. Illinoise pourrait être tronqué d'au moins 50% de ses chansons, on commencerait alors à approcher d'un bel album. Mais c'est sans compter les grandes faiblesses instrumentales de l'ensemble. On ne fait pas des arrangements flamboyants avec une telle fanfare de bricolos. Sans rire, il y a un tel écart entre l'ambition de Sufjan Stevens et son niveau réel que ça en devient énigmatique. Exemple ultime de ce non-sens, le projet aberrant d'un album par état qui s'est arrêté... au bout du deuxième. Facile de dire après coup que c'était une blague, Sufjan, arrête de bluffer ton monde.
Outkast - Stankonia (Arista, 2000)
Le geste est sympa, un groupe de rap qui tente son White Album. Stankonia est donc bourré ras la gueule de hip-hop qui part dans tous les sens, avec quelques tubes qu'on aime bien, mais qui a déjà réussi à écouter Stankonia en entier ? Il y a vraiment à boire, à manger, et surtout à dégueuler dans ce gros ragoût à l'odeur très suspecte.
Hot Chip - The Warning (EMI, 2006)
Ce combo reste pour moi un gros point d'interrogation. Ils sont doués (dans leurs side-projects), érudits (en interview), émouvants (dans leurs remixes), mais sur album c'est une purge. Leur electro-pop cérébrale ne fonctionne pas du tout. Trop tentés par l'electronica et l'idm pour être vraiment efficaces, trop vocaux et pop pour stimuler l'intellect, les Hot Chip ont le cul entre deux chaises et tombent fesses les premières sur le béton. C'est le cas sur The Warning, sur Made in Dark, et ce sera pareil sur le prochain. Vivement le split ?