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À l'abri du silence

Par Anne Onyme

fillepasteurcullen2Sonia Marmen
Série La fille du Pasteur Cullen tome 2
Québec Amérique
604 pages

Résumé:

Charlotte Seton est la fille aînée de Francis Seton, chirurgien réputé d'Édimbourg, et de Dana Cullen, fille d'un pasteur presbytérien. Alors que des épreuves mettent en péril le mariage du couple, Charlotte fait son entrée dans le monde des grands. Elle se passionne pour la science de son père en même temps que son coeur s'éveille aux émois de l'amour. Entêtée et curieuse, elle défiera plus d'une fois les interdits de la société britannique du début du XIXe siècle. Il en résultera une suite d'évènements malheureux qui la laisseront déçue de ce que lui offre la vie et l'amèneront à s'interroger sur sa place dans un monde où elle ne voit d'espace que pour les hommes. Un séjour en Jamaïque, à la plantation sucrière des Elliot, lui ouvrira de nouveaux horizons. Dans ce cadre exotique, elle vivra le bonheur du vertige amoureux. Mais l'ombre d'un secret plane à Montpelier et Charlotte découvrira avec effroi que les Elliot sont prêts à tout pour le protéger...

Mon commentaire:

À la fin du premier volume, La fille du Pasteur Cullen publié en 2007, rien ne laissait présager une suite. Ce premier pavé de plus de 900 pages se dévorait littéralement et nous plongeait dans une Écosse mystérieuse où chirurgiens et résurrectionnistes se côtoyaient.

Je dois l'avouer: je n'aime pas beaucoup les séries. Je ne vais pas d'emblée vers les séries et c'est même parfois ce qui me pousse à ne pas lire un livre. Quand les tomes s'accumulent année après année, je décroche bien souvent avant le temps. Ce qui fait que j'ai souvent lu le premier ou le deuxième tome d'une série et que je m'arrête là. Il y a cependant des exceptions.

Dans ce second volet, Dana Cullen et Francis Setton se sont mariés et ont des enfants. Ils vivent à Weeping Willos, entourés de leurs rejetons. Le roman s'attarde essentiellement sur Charlotte Setton. Elle est l'aînée de la famille et a hérité de ce qu'il y a de plus fort dans le caractère de ses parents. C'est une jeune femme frondeuse, qui rêve d'étudier la médecine. Mais la place d'une femme à cette époque est plutôt à la maison. Toute jeune, Charlotte est fascinée par la biologie, par les aniamux, les sciences, l'étude du corps humain. Elle n'hésite pas à disséquer sa chienne décédée, pour comprendre la complexité de l'animal. Il va s'en dire que nous sommes au XIXe siècle et que la médecine en est encore à ses grandes découvertes.

Plusieurs aspects du roman sont passionnants. Charlotte vivant auprès de sa mère qui peint et de son père chirurgien, il y a énormément de passages sur l'art et la peinture, ainsi que sur la médecine et la chirurgie. Charlotte trouvera même le moyen d'assister à des cours de dissection où l'on apprend aux jeunes hommes la médecine. Charlotte souffre également d'asthme et nous apprenons comment cette maladie était traitée à l'époque.

Une grande partie du roman se déroule en Jamaïque, où Charlotte partira comme gouvernante, sur la demande insistante d'amis de la famille. Après un épisode difficile à Londres où Charlotte perd ses illusions, ce voyage sur les plantations de cannes à sucre est une bénédiction pour elle. Le vie sur la plantation n'est toutefois pas de tout repos. Les grandes familles anglaises y pratiquent l'esclavage et ce sont les esclaves qui s'occupent de la plantation, au péril de leur vie. Ce sont eux aussi qui font grimper la fortune faramineuse des familles blanches qui les exploitent.

Outre l'esclavage, le roman aborde beaucoup la place des femmes à cette époque, leurs choix ou leurs non-choix. Car à part être belle, respectable, maîtriser la conversation, la musique et le dessin, élever une marmaille et rester auprès de son époux, il y avait peu d'avenir pour les femmes, du moins pour celles qui aspiraient à autre chose. Charlotte souhaite devenir médecin. Cette voie n'est offerte qu'aux hommes. Toute jeune, elle doit se battre pour acquérir quelque connaissance que ce soit. C'est une fille, elle est vite placée à l'écart.

Ce second roman a été une lecture très intéressante. C'est un roman très étoffé, qui permet l'exploitation de plusieurs sujets d'intérêt: la médecine du XIXe siècle, l'esclavage, la place de la femme dans la société. Même si mon coup de coeur va au premier tome, à cause essentiellement de l'atmosphère assez sombre qu'on retrouve un peu moins dans le second tome et à cause de l'Écosse où se déroule l'histoire, ce second roman est une excellente lecture également. Les personnages sont toujours intéressants, avec leurs colères et leurs passions.

Le premier tome était une lecture à part entière et pouvait prendre fin tel que le livre se terminait. Ce second tome n'a pas vraiment de fin. La dernière page laisse la porte grande ouverte pour une suite. Dans cette perspective, quelques longueurs parsement le récit. Rien de bien grave, parce que les sujets traités sont passionnants. Toutefois, j'espère simplement que l'histoire ne s'étirera pas pendant encore plusieurs romans...

Quelques extraits:

"...les institutrices s'appliquaient à façonner avec leurs élèves de charmantes jeunes femmes, dociles, agréables et silencieuses. Parce que, comme l'avait dit Mrs Hargrave lors de son discours de bienvenue adressé aux nouvelles pensionnaires en septembre, la dame plaisante était celle qui avait suffisamment d'intelligence pour savoir la dissimuler." p.154

"Je détestais ce pensionnat. Une école pour fabriquer des épouses dociles et plaisantes. Oui, plaisantes. C'est pour cette noble qualité que sont reconnues les jeunes femmes qui sortent de l'établissement de Mrs Hargrave. Il s'agit d'y acquérir suffisamment de connaissances pour ne pas paraître stupide en société, mais pas assez pour humilier un époux.
Un sourire amusé étira la bouche de Nicholas tandis qu'il s'assoyait en face d'elle.
-Vous avez obtenu votre diplôme?
Elle éclata de rire.
-Jamais de la vie! Je ne dessine pas, je ne joue aucune musique ni ne chante. Je n'aime ni les ragots ni les travaux d'aiguille. Je suis le modèle de l'échec féminin par excellence."
p.539


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