En somme : pourquoi ne pas assurer une présence de l'édition, plutôt que de rejeter complètement cette manifestation. Au Salon du livre de Paris en 2009, Nintendo n'avait pas hésité à planter tout un champ de DS en présentation... alors quoi ?
Il existe une légende, que nous rappelle le Huffington Post, celle du marchand de chaussures. Une parabole, même. Une société envoie dans un lointain pays un analyste qui va prodiguer une expertise. Mais ses conclusions sont désastreuses : les indigènes marchent pieds nus. Le marché est inexistant. Aucun business à réaliser sur place. La société décide de mandater un second expert. Ses conclusions sont des plus optimistes : personne ne porte de chaussures, le marché est complètement libre, il suffira d'expliquer les bienfaits et l'importance du port de chaussures.
Marc Levy pour la promotion de Sony
À la lumineuse interprétation de cette parabole, on saisit bien que plusieurs questions se posent : la première serait celle de la présence des éditeurs dans un environnement comme celui du CES. Parce que laisser les sociétés fabriquant des lecteurs ebook, des tablettes, des logiciels de lecture et tutti quanti, c'est bien joli, mais pour parler d'un livre, ne vaut-il pas mieux faire intervenir un auteur, ou un éditeur ? Après tout, Sony l'avait bien compris en demandant à Marc Levy d'être présent pour évoquer tout à la fois son dernier livre et ... le PRS-600, dernier modèle avec écran tactile.
Alors, pourquoi le CES n'a-t-il pas envahi la scène du CES, comme certaines sociétés s'invitent désormais dans des salons du livre ? Question de moyen ? Pas impossible. Ou alors question de moyens... que l'on ne se donne pas ? Possible tout autant. Et même certain. Après tout, l'édition aime encore à se draper dans une dignité qui repousse du pied cette invasion numérique : le livre est une technologie à part entière, qui fonctionne bien, supportons cette tendance qui n'est que mode, et passera de toute manière.
Pourtant, si c'est bien le texte, le contenu lui-même, qui est au centre des intérêts dans la lecture numérique, alors, il était cruellement absent. Les auteurs ne sont pas tous impliqués également dans ces histoires d'ebooks ou d'expérimentations via Facebook. Mais cette nouvelle génération de lecteurs, qui aimerait voir plus de livres disponibles sur leur lecteur ebook, et qui croise sa passion pour la lecture avec celle de l'informatique - mais si, ça existe - elle a vraiment dû se sentir frustrée...
Et si l'on racontait l'histoire du marchand de chaussures à un éditeur, que dirait-il ?