Il écrit court, Eric Dubois ! Mais il écrit juste, au plus vital, avec cette façon habile de laisser
parler les marges et les blancs, d'opter pour un langage économe et nerveux proche du parler - mais du parler vrai. Si le personnage en agace certains par son militantisme implacable sur le Web,
ses courriels répétés, ses coups de pub (!), bref, sa quête de reconnaissance, ceux qui l'ont rencontré connaissent son affabilité, sa gentillesse, son sens de la famille et de l'entraide
littéraire. Car Eric ne fait pas cavalier seul : pour preuve, la centaine d'auteurs que le poète-revuiste a contribué à faire connaître via le Web en quelques années ! Son écriture s'en ressent,
généreuse qu'elle est, poreuse à l'air du temps, attentive aux visages, aux couleurs... A mille lieues des canons de la poésie actuelle - souvent aride : fragments de textes distordus, au sens
dilué, ou à l'inverse d'interminables proses bavardes et prétentieuses -, le père du Capital des mots s'est bâti un univers
poétique à taille humaine, où l'on revient se balader avec plaisir. Parce qu'on s'y retrouve. De ces lectures qui accompagnent votre histoire, vous aident à vous comprendre, à faire vos deuils...
Ah, justement :
RADIOGRAPHIE
Nous
quelques uns
Dans le champ de vision
à demander
Sur la photo
la route
Une famille
quelle route?
Nous voilà réunis
oui
Pour la circonstance
c'est jour d'été
Il faut se serrer
le jour est liquide
Un peu plus
c'est poisseux
Pour la photo
ah la poisse
Qu'on ne prendra pas
on ne fait pas de photo
Le jour des obsèques
dans une banlieue métallique
Sud-ouest de Paris
mon oncle était tourneur-fraiseur
Je vais avoir dix-sept ans
il habitait à côté de l'usine
Prendre conscience
toute sa vie à trimer
Qu'on peut aussi disparaître
pour ça
Depuis nous cherchons
les années ont passé
A être
il y a eu d'autres disparitions
Extrait de "Radiographie"
à paraître
François - Xavier MAIGRE
Source : le blog de François-Xavier Maigre
cliquez sur link