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A plusieurs reprises, nous avons ici eu l'occasion de présenter notre position sur le débat concernant le port de la burqa.
Voilà que celui-ci refait surface avec la proposition faite par Jean-François Coppé de légiférer sur le sujet. Coppé, en maître tacticien, prend de vitesse avec cette proposition les conclusion de la commission parlementaire supposée travailler sur cette question.
Voilà que les partisans de l'interdiction nous reviennent avec de nouveaux arguments. Quels sont-ils et que montrent-ils de leurs intentions ?
Ces arguments nouveaux portent sur les conséquences en termes de sécurité publique que le port de la burqa pourrait engendrer. Petit florilège des exemples pris pour illustrer le propos :
"Vous vous rendez compte, comment voulez-vous procéder à un contrôle d'identité ?""Vous vous rendez compte, comment un passage de douane peut-il se passer dans ces conditions ?""Vous vous rendez compte, on a interdit les cagoules dans les manifestations, et si le petits voyous se déguisaient en burqa ?" "Vous vous rendez compte, comment voulez-vous qu'une institutrice sache si à la fin de la journée elle rend son enfant à la bonne maman ?"
Inutile de vous dire que tout ceci est probablement une tentative de Coppé de devenir un membre du Jamel Comedy Club ; à part imaginer ces situations dans un numéro de stand-up, à part prouver au monde l'immense sens du burlesque du maire de Meaux (il y tient beaucoup), je ne sais pas trop quoi penser de cette sortie de Coppé. Ou plutôt si, je sais tout à fait quoi en penser !On pourra répondre simplement et sans déchainer de passions à chacun des points précédents. Contrôle d'identité, douane, école ? Aucun problème, les femmes en question montreront leur visage dans toutes les circonstances qui le justifient.
Mais que nous disent ces nouveaux arguments sur ceux qui se veulent les champions de la laïcité, de l'ordre et de la condition féminine ?D'abord, que ces messieurs (et dames) ont de la suite dans les idées : il s'agit à tout prix de débattre sur ce sujet, d'occuper l'espace médiatique, de profiter de cette formidable opportunité pour aller parader sur les plateaux de télévision, occuper les ondes radio et publier des articles de 'fond' dans la presse nationale. Mais cela prouve paradoxalement qu'ils (ces messieurs dames) n'accordent en réalité aucune valeur à leurs idées. En effet, le moins que l'on puisse dire c'est que les arguments sécuritaires et la défense de la dignité humaine de la femme cohabitent pour ma plus grande joie : Coppé dans un merveilleux grand écart, c'est très gracieux. Mais pas très convaincant pour tout vous dire.
Ce que cela montre en outre, c'est que l'audience visée par ces arguments est sans doute sociologiquement très favorable à l'interdiction de la burqa à l'instar des suisses qui ont interdit la construction des minarets. Nul doute possible qu'il s'agit là d'un frange de la population effrayée par l'Islam auprès de qui l'argument sécuritaire pourrait trouver un échos.
Cela renforce encore ma position sur le sujet. La laïcité doit garantir la liberté de culte. Elle ne doit pas venir interpréter ce qui est religieux ou ne l'est pas. Elle doit contribuer à la mise en place des structures éducatives des cultes qui sont aujourd'hui importants afin que chacun puisse exercer cette liberté de culte, en citoyen éclairé. Ou bien, il nous faudra redéfinir la laïcité comme une interdiction de culte ...
En outre, l'état n'a pas à décréter, sur des arguments très minces, ce qui est acceptable dans une vie en communauté. C'est parfois le cas dans cette affaire de voile. On nous dit "C'est inaccepatble de ne pas montrer son visage aux autres, c'est une insulte à notre projet de société".Moi, par exemple, je trouve que le mouvement saccadé de l'aiguille des secondes des montres à quartz est insupportable, au même titre que peuvent l'être des chaussures bon marché, ou certaines tribus snob de St Germain des Prés. Bon, je ne me vois pourtant pas décréter leur interdiction ...Et tant que j'y pense, les moines et soeurs qui vivent dans l'isolement de certaines congrégations, c'est insupportable ... Il nous faudra interdire ce type de comportement ...
nm.