X 2590 - 07.
06. 09
Aphrodite, sur ton siège
chatoyant, immortelle,
Fille de Zeus, tressant des
pièges,
Souveraine, je te supplie, ne
paralyse pas mon esprit, ni dans la
lassitude,
Ni dans la souffrance.
Viens ici. Une autre fois, à
un autre moment,
Tu as entendu mes paroles au
loin,
Et tu m’as écouté. Tu as
quitté la demeure en or
De ton père, et tu es venue.
Tu as attelé ton char ; ils se
sont faits beaux, les rapides
Moineaux, qui te conduisaient autour
de la terre noire,
Tournant dru ; le tourbillon
de leurs ailes est parti du centre
Du ciel, traversant l’éther.
En un instant, ils étaient là.
Et toi, la bienheureuse,
Avec tout le sourire d’un
visage d’immortelle
Tu m’as demandé ce que je subissais
encore, et ce qui
Encore faisait que je
t’appelle,
Et ce que c’est que je veux le
plus qu’il m’arrive
Dans mon esprit en délire. « Qui est-ce qu’encore je dois
Persuader de te conduire, toi
aussi, dans ton amour ?
Qui
est-ce
dis, ô Sappho, qui te
maltraite ?
C’est sûr : si elle évite,
vite elle courra après
Et si elle refusait les
cadeaux, elle en donnera.
Et si elle n’aime pas, vite
elle aimera,
Serait-ce contre sa volonté ».
Viens à moi, maintenant aussi,
et libère-moi de mes atroces
Soucis, et tout ce dont mon
esprit
Désire l’achèvement,
achève-le. Et toi, en personne,
Sois mon alliée.
Sappho, fragment 1 Lobel- Page. Traduction de Jean Bollack.
Les X autour de Sappho renvoient tous
à l’édition de référence Poetarum
Lesbiorum Fragmenta fournie par Edgar Lobel et Denys Page, qui contient
notamment les fragments de poésie
sapphiques, les fragments de poésie
d'Alcée (The Clarendon Press Oxford University Press, London, 1955).
©Jean Bollack, publié par Tristan Hordé