Roman - Editions Points- 219 pages - 6 €
Résumé : Plus rien n'arrête le regard de Marie ou presque. Ce jour là, des hommes en haillons sont postés prs du Monoprix. Sans savoir pourquoi, elle pénètre dans la tente, se
joint aux bénévoles pour servir des repas de ceux qu'on apppelle les "Kosovars". Négligeant sa famille, indifférente aux attentions de son mari, à la tendresse de ses enfants, Marie se consacre à
la survie de ces hommes en perdition. Elle leur donne tout, jusqu'à sa raison.
Mon humble avis : Marie souffre d'une veille blessure jamais refermée : la mort subite de sa soeur dans un accident de voiture. Elle a
donc ce que l'on appelle "des antécédents dépressifs". Sa vie actuelle n'arrange rien : licenciée de son poste de caissière, elle vit petitement avec son mari et ses 2 enfants. Elle est
prête à basculer. Quand d'un seul coup, un événement la détourne de son propre malheur, de sa propre souffrance. Elles rencontres "les kosovars" (les réfugiés de Sangatte) et les
bénévoles qui tentent de les aider de leur mieux, avec les moyens du bord, et bien sûr au delà de la loi. Marie trouve une nouvelle cause à sa vie, une nouvelle révolte. Elle s'oublie et se
trouve utile enfin. Elle s'investit corps et âme dans l'équipe des bénévoles, s'attache à certain réfugiés. Comme elle est déjà malade, qu'elle n'a déjà plus vraiment les pieds sur
terre, Marie ne reconnaît plus ses limites et ne fait pas les choses à moitié. Elle donne tout : son temps, son argent, ses vêtements, sa vie de famille. Oui, au fur et à mesure,
elle s'éloigne et néglige sa famille. D'ailleurs, son comportement ternit la réputation de sa famille qui devient banie et sujet de moqueries ou d'agressions pour les enfants. Mais la seule
obsession de Marie reste: les réfugiers et leur sort. Déjà fragile, elle y perdra la toute dernièreraison qui lui permettait encorede se tenir debout. Malgré le soutien de sa famille,
elle sombrera dans une dépression que l'on peut appeler folie, même si le livre s'achève sur une note desespoire.
Bouleversant, ce livre est formidablement orchestré par Olivier Adam. On (re) découvre le sort de ces centaines de réfugiés de Sangatte dont les médias ne s'intéressent plus guère. On
réalise à quel point il leur en a fallut du courage pour arriver jusque là, et que ce jusque là, justement, c'est encore l'enfer. On se révolte devant l'indifférence des uns, on admire le
dévouement des autres. Mais surtout, on vomit devant le comportement des policiers qui se comportent en vrais cowboys. Et là, parenthèse politique : pourquoi, alors qu'on renvoie
certains réfugiés en charter chez eux alors qu'ils ont tant investi pour arriver là, fuient une situation politique dangereuse pour eux, espèrent rejoindre des membres de leur
famille... On en fait venir d'autres, comme un coup de pub politique, des afgans à qui on offrent globalement un an tout frais payer avec études... Alors que les réfugiés luttent pour leur vie et
ont fait preuve d'un courage surhumain pour.... pourquoi en fait. ? Fermeture de la parenthèse politique.
Le portrait de Marie est un chef d'oeuvre. On pense qu'elle va revivre mais non, elle bascule mais que faire. On ne peut la juger puisque l'on devine derrière son comportement une
maladie sournoise. Et tout cela est dit avec respect, sobriété et ô triste réalité.
Un livre à lire pour la détresse physique des uns et morale des autres.
Un livre où le pire et le meilleur de l'humanité se croisent, se frôlent, se rencontrent.
Marie, une femme que l'on oublie pas, qui m'a touchée en plein coeur.
A puis à l'abri de rien, personne n'y est : ni de la misère, ni de la dépression.
PS : Un livre qui rappelle aussi le film Welcome,auquel Olivier Adam avait participé à l'écriture
Les avis de Belledenuit, Stéphie,
Calypso
DAL PAL 96 - 14