C’est ainsi que débute le thriller : par un cadavre, les traits figés par une terreur sans nom, décédé du venin d’une araignée monstre. Il n’est que le premier des accidentés de Portland. Un tueur en série prend un malin plaisir à neutraliser les maris dans les chambres avant d’enlever les épouses jeunes et amoureuses pour leur faire subir divers sévices. Nous n’en dirons pas plus, sinon qu’il s’agit d’un renouvellement original du thème habituel des meurtres en série. Les déviances psychologiques sont infinies et Chattam explore ici une voie nouvelle.
Le détective, toujours solitaire depuis que son grand amour est mort égorgé par le tueur de Portland (dans ‘L’âme du mal’), incline à retrouver Annabelle, enquêtrice de New York qui le complète. Son ancien inspecteur acolyte de Portland, Larry, invite Annabelle pour quelques vacances et Joshua est heureux de la retrouver. D’autant que l’enquête commence après les enlèvements et les morsures de plusieurs habitants par des araignées mortelles.
Que se cache-t-il donc de redoutable et d’ancestral dans la forêt primaire ? Quelle est cette base secrète de l’armée, aujourd’hui désaffectée, où errent d’étranges individus la nuit tombée ? Pourquoi les araignées envahissent-elles les bois, les maisons, les supermarchés ? Comment se fait-il qu’un cadavre se mette à bouger durant une autopsie ? Qui sont ces chercheurs en fils résistants, sous contrat de l’armée, qui élèvent des tisseuses arachnides en vivarium ? La personnalité perverse qui est peut-être derrière tout cela a plus d’un tour dans sa toile et les fausses pistes, aménagées à dessein, ne manquent pas !
Un peu plus littéraire que les précédents, ouvrant sur le fantastique, étayé par une documentation fouillée qui conduit de l’Egypte antique à Madagascar, ce roman est le plus abouti de la trilogie. Vous y apprendrez même ce qu’est un véritable zombie de Haïti ! L’histoire se passe à la fin du printemps et en été, cet été continental étouffant de Portland qui augmente l’agressivité des araignées, la perversion des tueurs et les sentiments des humains normaux. Joshua Brolin sort peu à peu de sa dépression amoureuse, aidé par Annabelle et Larry. L’épilogue l’abandonne à ce moment d’existence où il peut reconstruire. L’auteur en a pressuré les ressorts et passe à autre chose.
‘Maléfices’, découpé en courtes séquences alternées, tisse un thriller efficace qui vous prend dans ses filets et finit par vous étonner. Vous n’en ressortirez pas comme vous y entrerez.
Maxime Chattam, Maléfices, 2004, Pocket 2009, 640 pages, 7.70€