Au secours pardon

de Frédéric Beigbeder
Roman - 315 pages
Editions Grasset - juin 2007
Editions Livre de Poche - mars 2008

Parce qu'Octave, ex-publicitaire, doit trouver la perle rare pour la nouvelle campagne de la multinationale L'Idéal, leader du cosmétique cancérigène, il se retrouve en Russie à errer de casting en soirée de nouveaux riches, d'excès en assouvissement. Mais la candidate idéale se fait attendre, et Octave est prié de trouver une Tchétchène, pour faire plus exotique et tendance. Sur les conseils d'un pope à qui il se confie, se confesse, il rencontre Lena, pas vraiment Tchétchène mais totalement irésistible pour notre chasseur de corps. Il en tombera amoureux....

C'est indéniable, Frédéric Beigbeder peut très bien écrire. Ses aphorismes cyniques, ses phrases parfois fulgurantes. C'est un plaisir de lecture que je ne boude pas.
Si c'est la suite de 99F (que j'ai lu il y a fort longtemps et qui ne me laisse qu'un vague souvenir), Au secours Pardon peut tout à fait se lire de manière indépendante.

Extrait :"Les tentations étaient innombrables mais je ne devais pas traîner : L'Idéal avait besoin de nouveaux emblèmes, on devait renouveler le stock de pommettes saillantes et de bouches rouges. La standardisation des désirs n'attend pas. La demande était très forte, on en avait besoin pour les catalogues, les dossiers de presse, les encarts, les dos de kiosques et les teasings à échantillon détachable. Natalia Vodianova ne pouvait pas tout faire ; il fallait de nouveaux modèles, moins chers, moins célèbres, plus disponibles. J'avais des faces à moudre ! Je devais faire tourner les visages de l'industrie des pots de crèmes hydratantes nutritives gluco-actives. Au téléphone, mon boss, Bertrand, me disait souvent, tel l'ogre du Petit Poucet : «Ramène-moi de la chair fraîche.» C'était donc ça: je fournissais des mangeurs de Lolitas qui eux-mêmes entretenaient la libido mondiale."

Un petit bémol cependant, avec un récit un peu moins captivant dès lors qu'Octave tombe amoureux de la jeune Léna. Ce serait presque un peu trop fleur bleue... L'amour entre eux n'est même pas consommé, et heureusement, voyez la chute finale ! L'occasion de dénoncer la tendance au surjeunisme dans les conquêtes amoureuses de certains hommes contemporains.
L'auteur ironise sur les canons de la beauté, leur dictature dans le monde contemporain, la tyrannie de l'extrême jeunesse, le tout sur fond de religion puisque ce récit est en réalité la longue confession d'Octave au pope. Bref un livre particulièrement appréciable, plus que je ne m'y attendais.
Les 5 premiers chapitres en lecture libre - Le site non officiel de Beigbeder (le S.N.O.B.)
L'avis de Laurence Biava - Buzz Littéraire