Le Parti Populaire (PP) est maintenant opérationnel. Souvenez-vous, en septembre dernier, j’annonçais ici même sa future naissance. L’avènement d’un nouveau parti (démocratique) est toujours une bonne nouvelle pour la démocratie. Celui-ci est bien décidé à secouer les idées et l’immobilisme des partis au pouvoir à tour de rôle depuis des décennies.
Coprésidé par le médiatique avocat d’affaires Mischaël Modrikamen et par l’économiste flamand Rudy Aernoudt, fondateur malheureux de LiDé (tué dans l’œuf en mai 2009), ce PP s’affiche sans ambiguïté à droite et, surprise, compte être présent sur tout le territoire de la Belgique. Autrement dit, à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre. Un nouveau parti « belgicain », ironisent certains, qui durera le temps que durent les roses. Peut-être, mais pas sûr. Il est vrai que dans un Etat belge aussi divisé, le pari de s’imposer durablement et de manière efficace et crédible sur la scène politique nationale est très risqué.
Les débuts ne sont pas tonitruants en terme de popularité
Le questionnement et la méfiance règnent (à raison) dans l’opinion publique. On ne sent évidemment pas un parti, on ne perçoit pas sa valeur humaniste ou tout simplement humaine par la seule lecture de son « manifeste ». Les dirigeants le savent aussi bien que vous et moi puisqu’ils entreprennent une tournée de réunions-rencontres pour approcher la population et dialoguer en chair et en os.
En Wallonie, les seuls mots « parti de droite » donnent de l’urticaire à la majorité des citoyens et « droite » est automatiquement associée à « populisme ». Mais le tout gros problème de crédibilité est la présence de Rudy Aernoudt. Sorti de la scène par la toute petite porte il y a seulement quelques mois, le voici qu’il y rentre par la fenêtre. Ce personnage ambigu au look de comique troupier, s’affichant très unitariste tout en étant proche d’un leader extrémiste flamand, auteur de propos parfois teintés de poujadisme, n’inspire pas un poil de confiance en Wallonie et encore moins en Flandre où il est grillé à la suite de ses démêlés avec le gouvernement régional et l’administration publique. Quant à Me Modrikamen, ses prestations professionnelles et sa pugnacité dans l’affaire Fortis en ont inquiété plus d’un. Il y a aussi bien sûr l’orientation délibérément unitariste du parti qui fait sans aucun doute office de repoussoir pour bon nombre de citoyens.
Espérons qu’à l’issue des prochaines élections législatives (2011 sauf anticipation) le PP pourra jouer un rôle au sein du parlement. Jusque là, il ne sera qu’un “beau parleur”, utile, certes, mais dont l’opinion publique, conditionnée par les médias et les partis en place, se lassera très vite. Ce serait dommage pour la démocratie.