Ici l'ombre !
Oui, c'est le film avec Viggo Mortensen à poil dans des bains turcs s'étripant avec deux tueurs ! Mais au-delà de cette séquence vouée à la célébrité, c'est aussi un film de David Cronenberg, le plus cérébral des grands cinéastes d'aujourd'hui. Deux ans après "A History of violence", un film noir à la Fritz Lang, plus froid et effrayant que jamais même il ne s'agit à nouveau "que" d'un film de genre, sur scénario signé Steven Knight ("Dirty Pretty Things" de Stephen Frears).
Dans une Londres hivernale, on y suit la sage-femme Anna (Naomi Watts), partie à la recherche de l'identité d'une jeune femme russe morte en couches. Le journal intime de la disparue, écrit en russe, l'amène à rencontrer Semyon (Armin Mueller-Stahl), paisible propriétaire du convivial restaurant Trans-Siberian. Elle est loin de se douter que ce dernier, père d'une tête brûlée (Vincent Cassel) toujours accompagnée du séduisant chauffeur Nikolai (Mortensen), est en fait un redoutable chef mafieux et que le document en sa possession va lui attirer de sérieux problèmes...
Mais, autour de cette violence sourde ou froidement démonstrative, le film révèle aussi quelques vérités sur cette mafia slave à la fois connue et secrète, comme le rôle des tatouages. Le suspense alors s’élargit à une étude de milieu. On découvre une faune, ses codes, avant d’en respirer le parfum délétère et d’en évaluer les nuisances. Et le romanesque étayé peut se boucler sur un polar réaliste, doucereusement effrayant et intelligemment captivant.