Magazine Cinéma

Sherlock Holmes de Guy Ritchie

Par Geouf

Sherlock Holmes de Guy Ritchie

USA, Royaume-Uni, 2009
Réalisation: Guy Ritchie
Scénario: Michael Robert Johnson, Anthony Peckham, Simon Kinberg
Avec: Robert Downey Jr, Jude Law, Rachel McAdams, Mark Strong, Kelly Reilly

Résumé: Londres, 1891. Sherlock Holmes, accompagné de son fidele ami Watson, stoppe une cérémonie occulte dont le point d’orgue était un sacrifice humain. Le responsable, Lord Blackwood est conduit en prison et condamné à mort. Le lendemain de son exécution, sa tombe est retrouvée éventrée et le corps a disparu. Il semblerait bien que Lord Blackwood soit revenu d’entre les morts pour parachever son œuvre…

 

Cela faisait plus de 20 ans que le célèbre détective londonien n’était pas apparu sur les écrans. Il était donc plus que temps que celui-ci se rappelle au bon souvenir du public. Et vu que la mode est au reboot, les producteurs ont eu l’idée de génie de faire une sorte de Sherlock Holmes Begins, comme c’est original ! Sherlock (Robert Downey Jr.) est donc un (plutôt) jeune détective, même s’il a déjà plusieurs enquêtes à son actif. Il partage déjà le fameux 221B Baker Street avec Watson (Jude Law), mais celui-ci est sur le départ, s’étant trouvé une fiancée (la délicieuse Kelly Reilly dans un rôle malheureusement trop peu étoffé), et ne supportant plus les frasques de son ami. Car dans cette nouvelle mouture, le réalisateur Guy Ritchie et son bataillon de scénaristes ont décidé de mettre l’accent sur l’excentricité de Holmes. Une idée pas mauvaise en soi, mais qui passée à la moulinette de Ritchie et d’un Robert Downey Jr en roue libre donne un résultat plus que bancal. Au lieu du légendaire détective un peu bizarre, on se retrouve donc avec une sorte de Rain Man (pour le côté « j’analyse tout très vite en marmonnant ») croisé avec un ado turbulent. Robert Downey Jr s’excite, tempête contre le départ de son pote, joue les jaloux, se fait manipuler par tout le monde (en particulier par le bad guy interprété par un Mark Strong assez insipide) mais gagne tout de même à la fin parce que c’est le gentil. En réalité, contrairement au personnage des romans, Holmes n’a absolument jamais de longueur d’avance sur les événements, et se fait balader du début à la fin, pour expliquer dans un final très Scooby-Doo-esque que « en fait, il avait tout compris super tôt ». Les personnages qui se sont faits assassinés pendant le film le remercieront de sa clairvoyance… Et d’ailleurs, il n’y a pas que le final qui fasse penser aux aventures du chien peureux. Il y a aussi par exemple le stratagème du méchant, se faisant passer pour un fantôme aux pouvoirs surnaturels afin d’instiller la peur dans le cœur de ses ennemis et d’asseoir sa puissance, ou encore le ridicule combat entre Holmes et un géant patibulaire (et Français ! Grand moment de comique involontaire lorsque les deux personnages se parlent dans une langue de Molière approximative) qui rappelle de nombreux affrontements entre Samy, Scooby-Doo et les vilains monstres du dessin animé. Oui, décidément, Guy Ritchie aime le chien peureux et son humour enfantin (histoire de faire bonne mesure, on a même droit au gag très fin du « chien qui pète »).

Sherlock Holmes de Guy Ritchie

Tout n’est heureusement pas à jeter dans le film, et malgré tous ses défauts, il réussit à avoir quelques qualités. On apprécie par exemple de voir enfin exploités les dons de boxeur de Holmes (une facette du personnage rarement montrée dans les autres adaptations des écrits de Conan Doyle) qui, combinés à sa légendaire capacité d’observation, en font un adversaire redoutable. Les quelques scènes de combat sont d’ailleurs une grande réussite. Le côté bordélique (il se contrefout de son hygiène, joue du violon à n’importe quelle heure du jour et de la nuit) et névrotique (il se lance dans des expériences insensées dès qu’il s’ennuie) du personnage  est lui aussi pour une fois présent, mais comme dit plus haut, beaucoup trop accentué et quelque peu gâché par le jeu en roue libre de Robert Downey Jr. Mais le personnage le plus réussi du film reste Watson, bien loin de l’image du petit faire valoir rondouillard auquel on s’était habitué. On retrouve enfin l’ex médecin militaire, solide vétéran de la guerre anglo-afghane, prêt à en découdre si besoin est, mais aussi à tempérer les ardeurs et la folie de son bouillonnant ami. Jude Law, qui semblait de prime abord ne pas du tout correspondre au rôle, est en fait parfait dans celui-ci, offrant un contrepoint idéal à l’exubérance souvent agaçante de Downey Jr.Rachel McAdams complète le casting en apportant charme et fraîcheur au personnage d’Irene Adler, connue comme la seule coupable que Holmes n’ait jamais pu arrêter.

Visuellement, le film est plutôt réussi, offrant une fidèle reconstitution du Londres de l’époque victorienne, magnifiquement mise en valeur par la photographie de Philippe Rousselot (Big Fish, Constantine). Guy Ritchie réussit à donner un certain rythme au film, et maîtrise sa caméra, ce qui fait que l’on ne s’ennuie pas trop. Dommage que cela ne soit pas au service d’un meilleur scénario, malgré les nombreux clins d’œil au matériau d’origine (avec entre autres l’apparition d’un certain Moriarty en fin de film…).

Pas aussi désastreux que les bandes-annonces le laissaient entendre, Sherlock Holmes version Guy Ritchie n’en reste pas moins un film bancal, plombé par son humour gamin et la crétinerie de son intrigue. A vrai dire, pour se regarder un bon « Sherlock Holmes begins », mieux vaut revoir le sympathique Le Secret de la Pyramide de Barry Levinson…

Note : 6/10

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